A la découverte des Pégases : les Césars du jeu vidéo

Trophée des Pégases

Lundi 9 mars, j’ai eu l’occasion de participer à la première cérémonie des Pégases. Si vous avez cru qu’il s’agissait uniquement d’un cheval ailé mythologique, détrompez-vous ! Je vous vous explique tout dans cet article. 

Les Pégases : kézako ? 

Organisée par le Syndicat National du Jeu Vidéo (SNJV), la cérémonie des Pégases a pour but de récompenser les meilleurs jeux vidéo français et étrangers. À l’instar des Césars, il s’agit donc d’une remise de prix décernés par des professionnels à des professionnels, pour montrer le talent de l’industrie française du jeu vidéo. A noter que le jeu vidéo est la première industrie culturelle mondiale, et que sur ce marché, la France se classe 2ème après les États-Unis. 

Cérémonie des Pégases 2020

L’objectif de cette soirée, comme son prédécesseur les Tilts d’or, était de montrer la légitimité de cette industrie, bien souvent décriée par rapport à ses cousins la musique et le cinéma. C’est pourquoi les votes étaient réservés à l’Académie des arts et techniques du jeu vidéo, regroupant plus d’un millier de professionnels du milieu regroupés en 6 « collèges », soit groupes de métiers, à savoir :

  • Collège Technologie : programmation, direction technique, réseau, IT…
  • Collège Image et son : Art 2D/3D/Concept, graphismes, animation, création vidéo et réalisation de cinématiques, conception sonore…
  • Collège Design : Game design, level design, écriture de scenarii et de dialogues …
  • Collège Management : direction de production, game direction, gestion de projets…
  • Collège Édition et support : marketing, user acquisition, live ops, brand managing, business développement…

Avec environ 17 000 viewers sur les chaînes ES1 et LeStream sur Twitch, cette cérémonie a-t-elle réussi son pari ? Sera-t-elle renouvelée l’année prochaine ?

Un pari réussi pour le SNJV ?

Pour ma part, globalement j’ai passé une bonne soirée. J’ai apprécié la volonté de mettre en avant les équipes entières qui travaillent sur les jeux vidéo, avec des reconnaissances pour les musiciens, les créateurs de personnages, les narrateurs, les designers, etc. Tous les vainqueurs ont mis l’accent sur le fait qu’un jeu vidéo est le fruit du travail d’une équipe. 

De plus, un effort a été fait pour mettre en lumière les minorités dans l’industrie, et montrer que les jeux vidéo sont inclusifs. Une intervention d’Anne Devouassoux, Productrice executive – KT-Racing et co-fondatrice de Women in Games, a permis de rappeler qu’il existait des associations qui promeuvent la mixité dans le secteur (seulement 14% de femmes dans les studios en France). De plus, la personnalité de l’année, Jehanne Rousseau, a appuyé dans son discours, la difficulté d’être une femme dans ce domaine. Chapeau ! 

Cependant quelques remarques tout de même : 

Un des objectifs de la cérémonie était de montrer la légitimité du secteur, en organisant un événement professionnel et sérieux… Pas sûre que le ton “à la rigolade”, incarné par “Manu du 6/9” corresponde réellement à l’ambition de départ. Parfois gênant et lourd, la crédibilité de l’événement en a pâti. 

Déçue également des votes de l’Académie : 6 statuettes pour le jeu A Plague Tale (Asobo Studio) sur 7 nominations, “c’en est presque un peu trop” avoue même David Dedeine, en recevant le trophée du meilleur jeu vidéo. Peut-être qu’un peu plus de diversité dans les prix aurait permis de souligner la richesse de l’écosystème de jeux français… 

Enfin, pour moi, le passage marquant de la cérémonie reste le discours de Laurent Victorino, du studio indépendant Monkey Moon, qui a reçu le prix du meilleur jeu vidéo indépendant avec Night Call. Il dénonce l’hypocrisie de cette cérémonie qui prône l’inclusion et la diversité du jeu vidéo, mais qui empêche les petits studios de participer en imposant des frais d’inscription de 240 euros. 

Les prix décernés 

Au cours de cette soirée au théâtre de la Madeleine, lors de laquelle les professionnels les plus éminents du secteur ont été conviés, 18 statuettes ont été remises. Voici la liste des Pégases décernés :

  • Meilleur jeu vidéo : « A Plague Tale : Innocence »
  • Meilleur jeu vidéo indépendant : « Night Call »
  • Meilleur jeu mobile : « Dead Cells »
  • Meilleur premier jeu vidéo : « Un Pas Fragile »
  • Meilleur jeu vidéo étudiant : « Don’t Look »
  • Prix spécial de l’Académie « Au-delà du jeu vidéo » : « Alt-Frequencies »
  • Excellence visuelle : « A Plague Tale : Innocence »
  • Meilleur univers sonore : « A Plague Tale : Innocence »
  • Excellence narrative : « Life is Strange 2 »
  • Meilleur game design : « A Plague Tale : Innocence »
  • Meilleur univers de jeu vidéo : « A Plague Tale : Innocence »
  • Meilleur(s) personnage(s) : Amicia et Hugo dans « A Plague Tale : Innocence »
  • Meilleur service d’exploitation (game as a service) : « Dead Cells »
  • Meilleur jeu vidéo étranger : « Metro Exodus »
  • Meilleur jeu vidéo indépendant étranger : « Outer Wilds »
  • Meilleur jeu vidéo mobile étranger : « Sayonara Wild Hearts »
  • Personnalité de l’année : Jehanne Rousseau, directrice du studio Spiders
  • Pégase d’honneur : Yves Guillemot, cofondateur et PDG d’Ubisoft

Malgré des retours assez mitigés, notamment vis à vis du ton de l’événement, les retours presses ont été conséquents (Le Monde, France Inter, etc.), et ont permis de donner de la visibilité au jeu vidéo dans des médias nationaux grands publics. En tout cas, très bonne expérience pour moi, ravie d’avoir pu voir Yves Guillemot, PDG d’Ubisoft, en vrai plutôt que sur mon écran d’ordinateur lors de l’E3 ! Je me permets de décerner le prix du meilleur style vestimentaire à Davy Chadwick !

Crédits photos : Jean-Marie Dufour