Conscient que la culture, et particulièrement l’art, a le pouvoir d’initier le dialogue et de rassembler les hommes, en novembre 2019, le français Frédéric José, entrepreneur et mécène, décide de lancer une fondation internationale en novembre 2019 : Art Explora.
Art Explora est une fondation philanthropique nomade, sans collection, innovante et digitale, à ambition internationale. Elle s’appuie sur les nouvelles technologies et l’itinérance pour permettre des rencontres nouvelles entre les œuvres et les publics tout en soutenant les acteurs culturels et leurs initiatives.
Leur promesse, celle de démocratiser la culture, a pour ambition de lutter contre toute forme d’isolement et d’exclusion, qu’elle soit sociale et géographique, en réduisant la fracture culturelle. Tous, bénévoles comme membres bénéficiaires, peuvent s’engager près de chez eux, pour créer des liens grâce aux arts et à la culture. Les technologies numériques et dispositifs itinérants ont pour but de favoriser les rencontres entre le public et les œuvres.
Art Explora possède 4 millions d’euros en capital permanent permettant de financer de nombreux projets divers : particuliers et entreprises peuvent participer. En tant que particulier, il est possible d’être bénévole au sein de la fondation et de faire des dons. Concernant les entreprises, elles peuvent financer les actions menées par la fondation en devenant partenaires (comme le font Télérama, Arte ou encore la RATP en tant que partenaires institutionnels) ou en devenant mécènes.
Afin de favoriser le partage culturel et artistique, Art Explora, aux côtés de l’Académie des beaux-arts de Paris et sous le patronage du ministère de la Culture, a créé la toute première édition du Prix européen éponyme en 2020. Ce prix a pour but de donner un véritable coup d’accélérateur à des projets innovants menés par des institutions culturelles européennes publiques ou privées, pour élargir leurs publics, et en particulier les publics les moins familiers des institutions culturelles à travers les innovations numériques et des actions hors des institutions normalisées. La fondation a recensé plus de 350 candidatures de 20 pays différents et d’institutions variées : un véritable succès.
À l’occasion de l’écriture d’une thèse professionnelle ayant pour sujet la culture et sa démocratisation, Philippe Rivière, Head of Digital Strategy de la fondation Art Explora, a répondu à nos questions. Voici un récapitulatif de cette entrevue : projets en cours et à venir, ainsi que leurs enjeux !
La plateforme Art Explora Académie
Depuis 2020, la fondation a mis en place un nouveau format en microlearning pour mettre la culture à la disposition de tous. La notion de microlearning, aussi nommée fast-learning, est une méthode d’apprentissage qui privilégie des modules très courts, ici majoritairement à travers des vidéos. Chaque module est concentré sur une notion bien précise : l’art asiatique, la Rome Antique ou encore La Renaissance et les Lumières.
Ce nouveau format “Cours”, à l’opposé des MOOCs, est dispensé par Art Explora via une plateforme : la Art Explora Académie. Des leçons d’une durée moyenne de 8 minutes sous 11 chapitres, disponibles à tout moment, sous différentes formes accessibles à tous. La fondation souhaite favoriser la qualité des contenus et fait appel à différentes personnes et institutions pour mettre en place les cours : des youtubeurs, du motion design, des podcasteurs, à Arte ou encore au Centre Pompidou.
Art Explora a également mis en ligne des formats plus larges dans sa “Bibliothèque” afin de permettre à tous d’élargir leurs connaissances en art. La podcasteuse Eva Beillard, aussi connue sous le nom de La petite histoire de l’œuvre, y a conté l’histoire de Frida Kahlo cachée derrière ses œuvres, à travers le podcast La Colonne Brisée de Frida Kahlo. Ses cours sont aussi mis à disposition de centres de loisirs accompagnés par des bénévoles : ces derniers montrent des œuvres sur écran en lien avec des histoires courtes racontées aux enfants. Toutes portent sur l’histoire de l’art : des QR codes sont également mis à disposition des enfants s’ils souhaitent en apprendre davantage.
Les enjeux d’une plateforme comme Art Explora sont nombreux. En dispensant des cours, la fondation permet un pas de plus vers la mise en place de leur première promesse : rendre l’art accessible et permettre sa démocratisation. Afin d’ajouter une plus-value non-négligeable à ces cours, la fondation a fait un partenariat avec l’université de la Sorbonne qui, à la suite du suivi des 11 chapitres de cours, reconnaît et attribue une Certification d’Histoire de l’Art à celui ou celle ayant participé.
Si la plateforme Art Explora Académie devait aussi permettre à de nouveaux publics de s’intéresser à l’art, son public principal est les jeunes actifs de 18 à 30 ans, s’inscrivant afin de profiter des modules fast learning sur leurs temps de pause. Ils représentent plus de 75 % des étudiants.
D’après Philippe Rivière et depuis son lancement il y a deux ans, la plateforme ne permet pas encore de toucher les publics initialement les plus à l’écart de l’art (très jeunes, en situation de handicap, personnes âgées, localisation défavorable, etc). Pour autant, d’autres actions sont menées par la fondation Art Explora afin de résoudre ce problème.
Le Catamaran : un projet de grande envergure à venir
“En 2023, la fondation inaugurera ARTEXPLORER, le premier bateau-musée qui sillonnera mers et océans pour aller à la rencontre des publics et proposer des expériences artistiques inédites.”
Il prendra la mer en 2023, le nouveau projet d’Art Explora, le ARTEXPLORER, un catamaran de 47 mètres de long sera un musée numérique qui voyagera avec un village culturel pendant quinze mois et longera quinze pays avec douze langues traitées, pour un nombre de visiteurs prévu de 2000 par jour. Cette aventure collective embarquera à ses côtés durant chaque voyage des acteurs culturels (associations, artistes…) et afin d’établir un dialogue à grande échelle avec les citoyens. “La mobilité et la création artistique sont de puissants leviers pour déplacer les regards, partager des images et des récits qui fabriquent d’autres rapports au monde” d’après les propos de Frédéric Jousset, dans le communiqué de presse de l’événement.
Plus de 60 % de la population mondiale vit à moins de 60 kilomètres des côtes ou d’un littoral. À travers ce projet, il s’agit d’aller à la rencontre et d’inviter tout à chacun à participer à cette traversée grâce à un programme d’activités multiples telles que des expériences immersives, des expositions ou encore des festivals. Art Explora souhaite encourager de nouvelles formes d’accès, de participation et d’engagement à l’art de la part des publics de différents pays. Depuis toujours, la Méditerranée est le “berceau de la mobilité, des échanges et de nos sociétés” : l’une des raisons pour lesquelles la fondation a choisi de partir en mer.
De “vraies” œuvres ne pouvant pas être à bord au risque d’être détériorées, les dispositifs mis en place seront donc numériques dans le but de partager l’art à des populations méditerranéennes malgré la barrière de la langue et la fracture numérique. Philippe Rivière le dit : le projet ARTEXPLORER est un réel pari logistique ! Art Explora s’est entourée de l’agence Wilmotte & associés architectes afin d’aider la fondation à construire le bateau et y accueillir deux formats audiovisuels d’art : un documentaire pédagogique permettant de découvrir le thème qui sera diffusé sur le pont arrière et une exposition immersive et sensorielle pour placer le visiteur au centre d’un monde immersif comme s’il était lui-même transporté dans les œuvres, prendra place dans la galerie.
Cette exposition immersive proposera une création numérique et digitale d’un genre unique, qui utilise tous les effets et innovations liés à l’immersion pour donner vie aux œuvres d’art. De nouvelles approches artistiques, sensorielles, visuelles, sonores ou encore olfactives au fil des chapitres de l’exposition pour y immerger le public.
Ce bateau-musée est en partenariat avec le Louvre, sur un mur d’écran led, la collection Femmes dans l’Art du musée parisien sera diffusée. Ce nouveau format a pour but de créer un nouveau point de contact grâce au numérique tout en créant un nouveau rapport à l’art. Il fut compliqué pour Art Explora de trouver un musée partenaire afin de réaliser cette expérience : le projet ARTEXPLORER a donc été retardé de plus d’un an. Actuellement, le musée du Louvre a encore du mal à se projeter, ce qui complique la tâche aux équipes de Philippe Rivière. Art Explora souhaite disposer et mettre à disposition des collections d’œuvres d’une grande qualité.
En plus des enjeux digitaux et artistiques, le projet se veut répondre à des enjeux environnementaux qui auront une place majeure dans ce projet : le catamaran sera équipé de panneaux solaires permettant d’assurer sa consommation énergétique en mer jusqu’en 2025.