Chroniques du père Toinou : L’Art de la guerre digitale

 

Quelques bouquins pour s’aérer le crâne

Mon vieux maître disait toujours : « De deux choses un digidi a besoin, de méthode et de philosophie. Tout le reste, il l’apprend. » Pour la méthode, vous pourrez trouver votre bonheur dans un bel ouvrage publié chez Pearson, Marketing digital, de Dave Chaffey et Fina Ellis-Chadwick. Pour la philosophie, il y a… L’Art de la guerre digitale.

On notera tout d’abord le clin d’œil au vieux stratège chinois. Tout comme Machiavel et son Prince, on connaît de Sun Tzu son Art de la guerre. Un tas de papier à feuilleter. Car, comme je le disais plutôt, il s’agit avant tout de philosophie (comme on parlerait de philo’ de vie), d’état d’esprit, de mood, d’être aware du digital dirait Van Hamme. Bref, de ce petit truc qui va faire que vous ressentirez l’environnement numérique, que vous saisirez les bonnes opportunités (le kaïros grec) et que vous prendrez les bonnes décisions.

 

De la stratégie dans une guerre digitale

Dans L’Art de la guerre digitale, on pourrait donc se dire qu’il n’y a pas de règle. C’est en partie vrai. La grande réussite de Caroline Faillet est de nous faire comprendre que nous évoluons dans un environnement complexe qui se meut au rythme des rapports de force entre citoyens, entreprises, États et autres forces plus obscures.

Vous y trouverez donc une métaphore filée du conflit qui s’applique bien à notre métier. Vous y découvrirez la distinction entre la guerre économique (« confiscation brutale d’une activité économique consécutive à l’arrivée du digital ») et la guerre idéologique (qui « utilise l’opinion publique pour exercer sa pression comme si l’entreprise devait désormais obtenir (…) un ‘permis social d’exister’ »). On vous exposera le principe de la typographie, de l’annexion territoriale qu’utilise Alibaba  et la faillite des stratégies passéistes (aka « Ligne Maginot ») depuis que nous sommes passés à une guerre de mouvement.

 

 

Il y est question de beaucoup d’autres choses. Mais le mieux est encore de le lire 😉 On retiendra surtout les stratégies développées et les mécanismes d’influence, cruciaux aujourd’hui. Et ne pas oublier : la meilleure des approches est encore celle de la sincérité, de l’empathie et du respect des citoyens. Ce qui n’empêche pas d’être un brin roublard pour éviter de se faire rouler.

 

« Le style, est l’homme même » « Le style, est la femme même »

Un mot sur l’auteur donc, Caroline Faillet, CEO du cabinet Bolero. Elle possède la parfaite plume pour ce genre d’ouvrage : fluide, équilibrée, alternant anecdotes, concepts, cas concrets et références que l’on sortira à l’occasion pour briller en société. Un style dans la droite lignée de ces orateurs un brin provoc’, Vincent Montet ou Emmanuel Vivier en tête, qui nous picote les méninges et nous fait réfléchir.

Je finirai sur une citation de Caroline Faillet, qui reflète bien ce qu’est la transformation digitale :

L’enjeu de transversalité implique que le digital ne soit pas cantonné à un service, une unité de lieu. En effet, le digital n’est pas un média, ni même un canal de vente, c’est un sang neuf qui doit couler dans tous les organes de l’entreprise (…). Les impacts technologiques, managériaux, ressources humaines qui en découlent exigent de nouvelles organisations que seule la direction générale peut impulser.

 

Bonne lecture !

Les chroniques du père Toinou sont un nouveau format d’articles qui parlera… de bouquins. Des œuvres étranges et délicieusement surannées qui nous font quitter le temps de quelques pages nos écrans pour des fleurs de papier.