Blockchain et marché de l’art : les perspectives d’évolution

« Cultureux », apprêtons-nous à rédiger une nouvelle page du Gombrich, la blockchain arrive.  La technologie est avant tout connue par l’intermédiaire des crypto-monnaies, mais son utilisation s’applique à d’autres paramètres de marché : sécurité, supply chain… La technologie se modélise sur mesure pour chaque secteur.

L’Art, un des plus vieux marchés au monde, n’échappera pas à ce tournant… si jugées difficiles à mettre en place, ces chaines de blocs sembleraient être très porteuses.

 

« Tout le monde en parle, mais au final qu’est-ce ? »

Blockchain France définit :

La blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle (…) Une blockchain publique peut donc être assimilée à un grand livre comptable public, anonyme et infalsifiable.

 

Claire Balva, CEO de Blockchain Partner, cofondatrice Blockchain France explique la technologie et ses perspectives plus en détail dans son intervention au TEDxLyon :

La blockchain est une technologie abstraite pour le grand public. Elle est complexe et maîtrisée par peu d’individus, très peu expliquée et mise en perspective des différents marchés. Bien qu’apparue en 2008 (il y a bientôt 10 ans !) avec les premiers Bitcoins, elle n’est pas encore adoptée par tous et partout alors que cette dernière va certainement modifier de nombreuses règles du jeu.

 

Blockchain appliquée au marché de l’art

La numérisation de l’ensemble des acteurs de notre société conduit à une nécessité de renforcement de la sécurité des informations et des échanges dématérialisés. C’est alors que la Blockchain intervient.

Pour l’acheteur,

Authenticité et Provenance

sont les deux paramètres les plus importants dans la décision d’achat d’une œuvre unique. La rareté des pièces et l’existence de faux rendent pour le moment l’authenticité très compliquée. La traçabilité des différentes opérations par un algorithme autogéré simplifiera les démarches d’authentification aussi bien pour le collectionneur que pour le vendeur car la technologie est infalsifiable, inviolable et transparente

Problématiques rencontrées : Pour une œuvre datée de 1917, comment certifier ? Les pièces les plus difficile à tracer sont généralement celles qui sont antérieure à 1945. Comment donc vérifier si les informations enregistrées par des tiers sont vraies sur ce segment ?

Pour l’artiste,

Les droits de suite

L’artiste n’a parfois pas la possibilité de suivre toutes les ventes et reventes de son œuvre. Chacune des reventes devraient cependant entraîner un droit de suite, un pourcentage de la vente reversée au créateur de l’œuvre.

La blockchain, par la traçabilité, permettra d’assurer le versement de ce droit.

Les droits d’artiste

Les artistes conservent toujours leur droit moral sur leurs œuvres. Ainsi avant de reproduire une œuvre, il faudrait normalement toujours interroger l’artiste, qui lui autoriserait ou non la reproduction.

Ce n’est pas toujours le cas, car il est pour le moment impossible d’avoir un aperçu global, à moins de souscrire à toutes les institutions internationales ce qui inclut des procédures administratives importantes.

La blockchain pourrait réguler les utilisations et devenir un outil incontournable pour faire valoir le droit moral des artistes au-delà du temps et des frontières.

Ouverture d’un nouveau segment de marché

Aujourd’hui, l’art vidéo et l’art digital avaient encore du mal à trouver leur place. Il était difficile de gérer leur diffusion et surtout d’acter d’un droit de propriété. La blockchain permet ainsi de valider la possession, notamment par l’intermédiaire de smart contract.

Le développement de la technologie va certainement propulser un nouveau segment de création. Elle génèrera ainsi de nouvelles richesses en ouvrant la production d’art à de nouvelles techniques.

La technologie blockchain permet donc de

  • fluidifier les interactions entre les différents acteurs du marché,
  • optimiser le temps et les coûts
  • sécuriser le marché

 

Chaîne globale pour un marché mondial

Depuis quelques années, le second marché de l’art est cristallisé. Les pièces remises en vente par leur premier acheteur peinent à être acquises de nouveau. Ce phénomène fragilise l’ensemble du marché car inconsciemment la décision d’achat est freinée par la peur de ne pouvoir revendre ou celle d’être escroqué par un obscur marchand.

Même s’il est de plus en plus régulé, le marché a plutôt mauvaise réputation. Dans l’article « La blockchain et le marché de l’art: évolution ou révolution? », l’économiste Jean-Max Koskievic définit l’art comme « un marché de dupe ».

Le problème que l’on connait à l’heure actuelle est que les différentes places de marché de l’art ont des législations différentes vis-à-vis des œuvres d’art.

En France ou en Chine par exemple, l’Etat a une approche très protectionniste sur le marché ; aux Etats-Unis les régulations sont moindres.

Le marché de l’art se joue de moins en moins à domicile. C’est un marché international ; et à cette échelle seule la blockchain pourrait garantir une transparence totale des échanges à échelle globale. Peu importe où la pièce est transférée.

C’est ici que se joue la plus grande révolution dans ce marché à différents rythmes.

Avec Internet et les différentes transformations digitales, il y a un besoin de plus en plus marqué de transparence, de visibilité, de traçabilité. Le marché de l’art était un marché assez secret. La démocratisation de ce dernier, accélérée ces dix dernières années avec l’Internet, a contraint les agents à renouveler leur approche pour s’adapter à la motivation et au nouveau comportement de leur client.

Ainsi on peut voir en la technologie Blockchain, un moyen de relancer une part du marché et d’en développer une autre.

Du Win-Win.