Arts numériques : l’exposition Au-delà des pixels

Du 18 au 20 mars de 18h30 à 20h30 avait lieu l’exposition éphémère Au-delà des pixels. L’association 36 degrés a investi pendant 3 jours le garage Amelot afin d’y exposer de nombreux artistes des arts numériques. Retour d’expérience.

Mais qu’appelle-t-on arts numériques ?

Bien avant l’arrivée des NFT (Non-Fungible Token) qui ne sont pas une pratique artistique mais une certification d’authenticité numérique au travers de la blockchain, les arts numériques sont apparus des les années 50, ce qui ne nous rajeunit pas.

Les arts numériques peuvent être immersifs (VR-AR-projections), robotiques (technologie automatisée rendant possible les interactions) ou génératifs (technologie algorithmique, parfois avec une IA, qui conçoit une œuvre se générant d’elle-même) ou encore bio-art (généré grâce aux biotechnologies).

Nous voilà maintenant un peu dégrossis sur le sujet, passons à l’exposition.

Le garage Amelot :

N’écoutant que mon courage, je me dirige d’un pas décidé vers le lieu d’exposition nocturne. Slalomant entre la faune du XIème, éméchée par des cataractes d’IPA, j’arrive enfin à destination. Le garage Amelot est un ancien atelier Renault de 12 000 m² qui accueille maintenant des évènements culturels et artistiques : il sera détruit avant la fin de l’année. Les étages inférieurs ressemblent à un garage souterrain mal éclairé où sont disséminées quelques trop rares œuvres. C’est arrivé au dernier étage, sous la verrière que l’on pénètre au cœur de l’exposition et du projet.

Au-delà des Pixels

Au-delà des pixels…

Rendons d’abord hommage à l’association 36 degrés. Elle a pour projet de rassembler, valoriser et diffuser les arts numériques, immersifs et interactifs en digital ou en physique dans des lieux d’exposition hors des cadres.
Ici, c’est en physique et après la pandémie, ça fait du bien ! Fin de la digression.

Ce qui frappe d’entrée en arrivant, c’est l’immensité du plateau (1000 m²) et l’absence de cloisonnement. Les œuvres sont ainsi exposées près des murs autour d’un rideau central et mouvant signé Minuit X Abaco.

Commençons notre tour de piste avec le studio TS/CN qui conçoit des œuvres génératives grâce à la data. L’œuvre est constamment mouvante, renouvelée et offre donc une expérience immersive et individuelle en fonction des données sonores, visuelles, temporelles et algorithmiques. L’œuvre est en constante évolution même si le résultat final est préalablement fixé en codant la machine.

TSCN - art numérique

Dans un tout autre style, on remarque les Unburnt Bushes de Paul Créange qui mixe les dispositifs photographiques dans des sculptures lumineuses en matériaux recyclés. Dans ce cas précis, le technologique mime l’organique sous formes d’arbres luminescents.

Paul Créange
L’expérience la plus impressionnante est peut-être celle réalisée par Neon Minuit, duo d’artistes qui utilise certains outils vidéoludiques comme le casque VR, le capteur de mouvements afin de plonger le spectateur dans leur univers composé de pixels et de polygones. D’un point de vue extérieur, l’œuvre est projetée sur un écran où l’on peut voir le spectateur casqué interagir et transformer l’œuvre artistique en temps réels. Pour ce faire, le duo a scanné au préalable différentes sculptures, monuments, personnes ou paysages.

Neon Minuit

Benjamin Védrenne quant à lui avec Stereopolis, propose au visiteur des anamorphoses kaléidoscopiques projetées sur une lentille circulaire. Les interactions sont ici commandées par une manette de jeu vidéo.
Benjamin Vedrenne - Stereopolis

Vous l’aurez compris, l’art numérique est protéiforme et le but de cet article n’est pas de réaliser un catalogue exhaustif de l’exposition.
Les artistes exposés étaient Abaco, Antoine Schmitt, Benjamin Védrenne, Dimitri Thouzery, Dorian Minuit, Eric Vernhes, Michael Sedbon, Néon Minuit, Paul Créange, Sabrina Ratté, Salomé Chatriot, Studio Otaika, Tamanoir Studio, Tom Lellouche et TS/CN. Je vous invite à les rechercher sur le Web afin de vous faire une idée plus précise de leurs démarches artistiques et technologiques.

Alors, ça valait le coup Au-delà des pixels ?

Si les étages inférieurs sont assez lugubres seulement éclairés par les rares œuvres numériques disséminées ça et là, le plateau principal vaut le coup d’œil. La diversité et le nombre des œuvres les différentes techniques utilisées font un bon tour d’horizon de ce qu’est l’art numérique actuel. Bravo à l’association 36 degrés !
Un petit bémol cependant : du fait que le dernier étage ne soit pas cloisonné (ce qui est voulu afin d’appréhender en totalité ce lieu insolite), on a du mal à se consacrer à une expérience en particulier tant l’œil est attiré par cette foisonnance d’images mouvantes périphériques.

Pour aller plus loin, je vous invite à découvrir l’artiste Sabrina Ratté à la Gaîté Lyrique jusqu’au 10 juillet.

Bonus : Heterotopia – Miroirs et Perspectives de Neon Minuit qui rend un peu mieux que les vidéos prises avec mon Smartphone :