Il est 7h du matin, le réveil vient de sonner. Mon premier réflexe est d’enlever le mode avion de mon téléphone. Comme tout le monde, pluie de notifications. Pour moi, Instagram est en tête, travail dans le marché de l’art oblige.
Le réseau social a marqué un réel tournant dans la promotion et la diffusion des œuvres. La présence des musées, des galeries et des maisons de vente sur la plateforme est devenue incontournable, pour ne pas dire obligatoire en termes de notoriété et de conversion d’achat. J’organise donc de plus en plus ma veille grâce à cette application.
Je mets des cœurs partout. Enfin presque.
Chaque jour, je parcours inlassablement des centaines de photos, à la recherche de l’œuvre qui fera battre mon cœur. Je ne compte plus le nombre de profils « Arty » : artistes, photographes, designers, advisors… confirmés ou amateurs, capables du meilleur – comme du pire.
Les œuvres présentées sur le réseau ne sont malheureusement pas toutes réussites, voire parfois aussi éphémères que le temps de présence des posts dans le feed des abonnés. Instagram est le réseau visuel et esthétique par excellence, malheureusement le personnal branding et les hastags ne suffisent pas à faire gage d’ « Art ». Même parfois avec 15k de followers, l’artiste ne fera pas l’objet d’une étude scientifique, ne sera jamais exposé en galerie et ne verra jamais sa côte augmenter.
La représentation artistique sur Instagram m’amène à me questionner de plus en plus sur la place qu’on accorde à l’art. Qu’est-ce que l’art ? Quelle pièce a réellement une valeur plastique et historique ? Comment reconnaître un chef d’œuvre ? Comment se faire une opinion ? Mais surtout qui valide ?
La critique d’art, la grande absente d’Insta.
On manifeste un goût, un positionnement, une direction artistique sur ce réseau social où tout est visuel. Le problème d’Instagram réside souvent dans le manque de contenus scientifiques. Le réseau dans sa constitution actuelle ne permet pas de mettre en avant un contenu enrichi.
- Les signes sont limités,
- L’aperçu de la description est court,
- Il est impossible encore d’insérer un lien qui redirige vers un site ou un blog dans un post si ce dernier n’est pas sponsorisé.
De fait, les véritables critiques d’art – ceux qui prennent soin de faire des recherches et d’écrire des textes qui ont pour but d’initier les novices à l’Art, de conforter ou de challenger les amateurs – se font très peu valoir et arrive très peu à percer sur le réseau. Les followers aiment souvent une photo « parce que c’est beau » mais ne poursuivent pas de recherche sur l’œuvre et/ou l’artiste qu’ils viennent de liker.
J’ai été interpellée par le titre d’une conférence tenue récemment à Paris : « Le métier de photographe doit-il évoluer avec Instagram ? ».
Ma réaction :
Evidemment, il est essentiel que le marché se digitalise et entre dans une logique d’ouverture. Là n’est pas l’argument. Cependant démocratiser l’art ne veut pas dire renier tous ses codes et il est difficile de penser qu’un canal de communication doive déterminer la recherche plastique menée et défendue. C’est un outil, parfois un medium de création, non une fin en soi.