Interview : La réalité augmentée dans la cosmétique

Dans le cadre de la rédaction de ma thèse, j’ai eu l’opportunité d’échanger avec Zoé Ramdewor qui occupe le poste de Global E-Commerce – Generalist Pure Players Leader chez Pierre Fabre Group. Elle a également travaillé 6 ans dans le Groupe L’Oréal.

Je tenais à remercier à nouveau Zoé pour sa disponibilité et son aide précieuse qui m’ont permis d’en savoir plus sur la réalité augmentée dans le secteur de la cosmétique.

Quelle est la différence entre le virtual try on qui utilise la réalité augmentée et le diagnostic de peau qui utilise l’intelligence artificielle ?

Le virtual try a plus un côté pré achat par rapport à un diagnostic de peau. Le diagnostic de peau c’est un service que l’on offre au consommateur plus pour savoir ce qu’il va acheter alors que le virtual try on c’est plutôt pour voir le rendu avant d’acheter et confirmer son choix. Il s’agit de deux positionnements différents. 

Le Virtual Try On il faut le voir comme un service complémentaire, il ne remplacera jamais le vrai produit en direct (texture, vraie couleur en fonction de la carnation de ta peau). ni l’expérience boutique. Par contre ça va devenir un must have et ça montre que la marque s’intéresse aux nouvelles technologies, 

Quels sont les deux leaders d’applications de réalité augmentée en France ?

Les deux leaders aujourd’hui sont Perfect Corp avec YouCam et l’Oréal avec ModiFace. PerfectCorp se positionne comme le leader n°1 sur ce marché.

Pourrais-tu me parler de ModiFace :

L’application ModiFace a été racheté en 2018 par le groupe l’Oréal. Cette application de réalité augmentée utilise le virtual try on pour permettre au consommateur d’essayer virtuellement un produit avant de l’acheter. On peut tester des produits à la fois cosmétique comme des rouge à lèvres, fond de teint, fard à paupières etc mais également des produits capillaires.

ModiFace n’est pas uniquement utilisé par les marques appartenant au groupe comme Lancôme. En effet le concept est utilisé en partenariat avec d’autres e-retailers comme EasyPara. Le but premier est d’avoir une exclusivité sur une marque du groupe l’Oréal. Cependant le e-retailer peut très bien utilisé le concept sur ses propres produits.

L’Oréal se met en position de beauty tech. Grâce à cette technologie il montre aux consommateurs qu’ils sont innovants, inventifs. Il donne une image très technologique, très à la pointe qui est clef chez l’Oréal. 

Comment fonctionne l’algorithme ?

L’algorithme travaille à partir de bandes d’images récoltant de nombreux visages. Le but est de prendre plus de types possibles : l’âge, couleur et types de peaux. Cette base est récupéré par des données en interne. 

Et la data ?

Nous sommes bien protégés en Europe avec la loi RGPD qui anonymise nos données personnelles. En revanche pour la partie CRM lors de la création d’un compte, il s’agit d’un processus de consentement par le consommateur sur le choix de partager ses données ou non avec la marque.

Quels sont les indicateurs à suivre ?

Les indicateurs tangibles : Est-ce que ça pousse à l’achat ? Taux de conversion ? Combien de personnes abandonnent au milieu de l’essai virtual try on ?

Les indicateurs intangibles : Qu’est ce que ça apporte à l’image de marque ? Le consommateur se dirige vers quelles marques ? Comment je rend visible l’outil ? Comment le déployer dans le pays ? Comment améliorer le produit ? Comment je fais pour que le consommateur utilise l’application et achète ensuite ?

Pour finir selon toi quel est l’avenir des nouvelles technologies :

Ces nouvelles technologies suscitent de grosses réflexions de la part de toutes les marques. Aujourd’hui les entreprises ne veulent pas louper une opportunité technologique surtout quand on est l’un des leaders dans la beauty tech comme l’Oréal.

Les questions à se poser : Est-ce que les consommateurs vont y aller ? A quel point ça peut grandir ? Est-ce que ce sont sur ses valeurs que l’on va comme la métaverse?

C’est une vraie tendance à regarder et à suivre. En tout cas ce qui est certain c’est qu’il est difficile aujourd’hui pour les entreprises de gérer ces nouvelles tendances car ça va très vite et ça évolue constamment.