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Un tableau d’Artemisia Gentileschi restauré grâce à l’IA

Un tableau d’Artemisia Gentileschi restauré grâce à l’IA

par | Déc 4, 2023 | Actualité | 0 commentaires

Censuré par les convenances de l’époque, le tableau Allégorie de l’Inclination retrouve sa vérité grâce à la restauration conjointe des experts et de l’IA, révélant ainsi l’œuvre authentique d’Artemisia Gentileschi.

Tableau d'Artemisia Gentileschi intitulé Allégorie de l'inclination avant et après sa restauration par l'IA

Artemisia Gentileschi, Allégorie de l’inclination, 1616, numériquement dépouillée de ses voiles de censure © Casa Buonarroti, Florence

Allégorie de l’inclinaison, une oeuvre trop dénudé pour son époque

Le tableau, peint en 1616, représente un nu féminin assis sur un nuage, tenant dans sa main une boussole. L’œuvre a été commanditée par Michel-Ange Buonarroti, le neveu du célèbre Michel-Ange. Cependant, plus de 50 ans après sa création, Baldassare Franceschini, dit Volterrano, est chargé de recouvrir les parties intimes de la femme pour ne pas choquer les habitantes de la Casa Buonarroti. Sur l’œuvre originale, un voile vert et épais est alors ajouté, destiné à rester en place pour toujours.

300 ans plus tard, grâce au projet « Artemisia UpClose », la composition originale de l’œuvre est révélée au public via des images numériques. Les visiteurs de la Casa Buonarroti de Florence ont jusqu’au 8 janvier 2024 pour admirer la version originale de l’Allégorie de l’inclinaison d’Artemisia Gentileschi.

L’importante aide de l’IA dans la réalisation de ce projet de restauration

Une restauration potentiellement dommageable

Malgré l’importance du projet, les experts se sont vite rendu compte de l’impossibilité de restaurer la toile pour faire apparaître l’œuvre d’origine. Elizabeth Wicks, restauratrice en chef, explique les raisons de ce constat dans un communiqué :

« Ce recouvrement ne pouvait être effacé pour deux raisons majeures. Tout d’abord, le retrait des épaisses couches de peinture à l’huile appliquées par Il Volterrano moins de cinq décennies après l’œuvre originale aurait mis en danger les délicats glacis d’Artemisia, juste sous la surpeinture. Deuxièmement, ces voiles ont été apposés par un artiste important de la fin de l’époque baroque et sont désormais intrinsèquement liés à l’histoire du tableau. »

Dans l’impossibilité d’éliminer physiquement les couches de peintures appliquées par Volterrano, les chercheurs ont alors travaillé pour présenter virtuellement l’œuvre originale.

L’IA redonne vie au tableau d’Artemisia Gentileschi

Pendant un an, les chercheurs équipés d’intelligence artificielle ont analysé avec précision l’œuvre, notamment chaque couche de peinture, avec l’aide de technologies d’imagerie de pointe. C’est grâce à la réflectographie infrarouge (technique non invasive utilisée pour l’étude des œuvres d’art) et à la radiographie que les chercheurs ont pu voir sous le voile de Volterrano, mesurant ainsi l’étendue de ses retouches. L’analyse chimique a également révélé que la peintre baroque a utilisé avec parcimonie le lapis-lazuli comme pigment.

«  a pénétré la draperie supérieure et nous avons pu voir les pentimenti d’Artemisia, les endroits où elle a changé d’avis. Il a fallu recourir aux rayons X pour voir à travers le pigment de plomb blanc qui recouvrait les cuisses du personnage, mais nous avons finalement obtenu une image scientifique de l’original d’Artemisia », a expliqué Mme Wick dans le même communiqué.

La restauration d’œuvres d’art est depuis longtemps un domaine qui nécessite un équilibre délicat entre compétences techniques, connaissances historiques et intuition artistique.

L’IA révolutionne la restauration d’oeuvres d’art

Un autre exemple : les tableaux perdus de Klimt

Ce n’est pas la première fois qu’une peinture est restaurée en partie grâce à l’IA. En 2021, une équipe de Google Arts & Culture a entrepris la restauration de trois tableaux de Klimt : « Jurisprudence », « Médecine » et « Philosophie ». Ces œuvres avaient été détruites lors de la Seconde Guerre mondiale.

l’IA, un outil notable dans la restauration d’oeuvre d’art

Traditionnellement, le travail de restauration se fait manuellement, s’appuyant sur le savoir-faire du restaurateur. Cependant, l’IA change actuellement ce processus en offrant de nouveaux outils et techniques qui peuvent considérablement améliorer la précision et l’efficacité des travaux de restauration. Nous assistons alors à une évolution majeure où la technologie et la tradition s’unissent pour redéfinir la préservation et la restauration du patrimoine artistique.

En exploitant le pouvoir de l’apprentissage automatique et de la vision par ordinateur, l’IA révolutionne le processus de restauration, offrant aux œuvres endommagées l’opportunité de renaître.

Un exemple de l’impact de l’IA sur la restauration d’œuvres d’art est l’utilisation d’algorithmes d’apprentissage automatique pour analyser et recréer des sections manquantes ou endommagées d’un tableau. En étudiant le style, les coups de pinceau et la palette de couleurs de l’artiste, ces algorithmes peuvent générer une reconstruction numérique de la section manquante, qui peut ensuite être imprimée sur une toile et soigneusement intégrée à l’œuvre originale. Ce processus permet non seulement d’économiser du temps et des ressources, mais aide également à préserver l’intégrité de la pièce en minimisant le besoin de techniques de restauration invasives.

Un potentiel pour le patrimoine et pour les générations futures

Le potentiel de restauration s’étend au-delà des tableaux et des œuvres d’art. En effet, les textes historiques et même les bâtiments peuvent être restaurés grâce à la puissance de l’IA. Ainsi, il existe un réel potentiel dans l’IA pour préserver le patrimoine et le rendre accessible aux générations futures.

Au delà de l’IA, le monde du digital est une véritable aubaine pour le domaine de la culture et notamment pour le rendre plus accessible. C’est notamment le cas avec la digitalisation des musées.

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