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Dermocosmétiques & digitalisation

L’impact de la digitalisation face à la connaissance des dermocosmétiques

RENCONTRE AVEC UNE PROFESSIONNELLE DU SECTEUR

Afin d’approfondir notre compréhension de l’impact de la digitalisation dans le secteur des dermocosmétiques, j’ai eu l’occasion d’échanger avec Camille Le Diguerher, diplômée pharmacien depuis 2020. Après avoir réalisé divers remplacements en officines pour développer sa flexibilité et étudié différentes approches de travail, Camille occupe actuellement le poste de pharmacien adjoint dans une pharmacie de Vern sur Seiche, en Bretagne. Doutes, réticences et capacité d’adaptation, découvrez vite le point de vue de Camille face à l’émergence des nouvelles technologies

Livre de Donald Miller "Building a Story Brand"

Avez-vous étudié le sujet des dermocosmétiques lors de vos études ? Si oui, de quelle manière ?

Oui. Nous avons eu une matière intitulée dermocosmétologie et enseignée en 5ème année. Dans cette matière on doit apprendre par cœur l’ensemble des composants des produits dermocosmétiques et savoir à quoi ils servent (tensioactifs, solvants…). De mon point de vue, c’était trop indigeste et pas du tout axé sur les demandes des patients au comptoir. On est loin du « bonjour, j’ai de l’acné, que dois-je faire ? ».

Dans notre gros bloc « officine » en 6ème année nous avons tout de même eu des cours sur la rosacée, la dermatite séborrhéique et quelques autres pathologies dermatos. Nous n’avons jamais eu de cours sur le conseil dermato chez un patient « lambda ».

Pour information, le pharmacien a une obligation de formation. J’ai choisi pour première formation une formation de dermocosmétologie. Elle a durée 2 x 7h et était vraiment nécessaire et complète. Je peux maintenant conseiller concrètement et répondre aux problématiques de peaux.

Je ne suis pas titulaire, donc ce n’est pas moi qui choisis ce que l’on vend à la pharmacie mais j’ai quand même un exemple TRÈS concret. Récemment nous avons entré la gamme Cerave dans notre pharmacie qui appartient au même groupe que La Roche Posay que nous avons déjà. Pourquoi ? Parce que nous avions un nombre très important de patientes qui nous demandais ces produits et qui, c’était très clair, leur avait été montré sur les réseaux ! Nous essayions à chaque fois de switcher par d’autres gammes qui nous semblaient similaires (La Roche Posay) mais cela ne fonctionnait pas. On a donc préféré, plutôt que de perdre des ventes, faire entrer la gamme. Nous l’avons fait en petite quantité et sur les produits les plus connus. Elle ne constitue pas notre conseil principal. C’est un exemple qui montre que les réseaux sociaux ont une très grande influence !

Dans quelle mesure le digital influence-t-il votre processus de sélection de ces produits à vendre dans votre pharmacie (exemple des réseaux sociaux TikTok, Instagram…) ?

Comment le digital a-t-il changé la manière dont les clients recherchent des informations sur ces produits avant de faire un achat en pharmacie ?

Je pense de suite aux applications de Scan des produits (YUKA …) nous voyons certains patients faire cela (pas la majorité). Même si je ressens l’écoute je dirai quand même que j’entends de façon non négligeable « oui mais à la télé ils disent… » « j’ai vu sur internet que… ». Il faut donc être suffisamment armé pour argumenter face au digital.

Oui et je pense plusieurs fois ! Celle dont je me souviens le plus : une jeune fille qui me disait se tartiner le visage de Cicalfate car elle avait vu ça sur TikTok et que cela faisait partir les boutons. Sachant que le Cicalfate contient des antiseptiques et que se décaper la peau entraîne pour réponse une surproduction de sébum on sait que ce n’est pas nécessaire et surtout au long terme car on rentre dans un cercle sans fin. Je lui ai dit que ponctuellement sur les boutons ce n’était pas mauvais mais j’ai revu le conseil sur l’ensemble du visage.

Avez-vous déjà eu affaire à des clients convaincus de l’usage d’un produit grâce / à cause des réseaux sociaux, alors que cet usage est en réalité fortement déconseillé ?

Comment les marques de dermocosmétiques utilisent-elles le digital pour collaborer avec les pharmacies ?

Sur cette question je vais parler de la formation des vendeurs (nous). Les marques nous forment avec le digital. D’ailleurs au moment où je réponds à ce questionnaire j’ai, à 20H30, un WEBINAIR avec la marque Filorga. Nous avons également des applications avec chaque marque (Avène, LRP, Uriage, Bioderma…) qui nous propose des formations courtes de 10 15 minutes et des challenges pour gagner des produits !

En vérité ce n’est pas facile de trouver du temps pour cela et je pense que très peu de pharmaciens les utilisent ! Il m’est arrivé de chercher la réponse à une question d’un patient avec ces applications !

Nous avons aussi un panneau qui diffuse des publicités de par ex la marque Filorga sur la devanture de notre pharmacie.

Très bonne question à laquelle je n’avais jamais réfléchi… Moi je suis une enfant du digital alors, si cela évolue j’évoluerai avec plaisir avec. Je ne vois pas trop comment y répondre mais j’espère que cela n’effacera pas mes conseils.

Comment envisagez-vous l’impact futur du digital sur les dermoscosmétiques en pharmacie ?

À retenir :

Cet échange m’a permis, grâce à l’expertise de Camille, de comprendre les enjeux du digital, du point de vue d’un professionnel de santé, plongé au cœur de ses nouvelles opportunités mais également de ses potentiels limites. En 4 points, voici les conclusions que nous pouvons faire à la suite de cet échange :

Une peur quant aux évolutions technologiques qui prennent une certaine ampleur et peuvent avoir un impact sur les conseils experts des pharmaciens.

La dermatologie enseignée en études de pharmacie. On est face à des experts qui se renseignent sans cesse sur les nouvelles tendances.

Le digital favorise la connaissance de certains produits mais partage aussi de mauvaises utilisations et de mauvais conseils.

Le digital contraint les pharmacies à adapter leur offre en faisant entrer certaines gammes recherchés grâce à des communications sur les réseaux sociaux.

En parrallèle de cet article, j’ai réalisé une note méthodologique.

Un article de Laurana Tostivint

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