A l’Ère Digital : la Guerre transformée et les armées réinventées
Dans l’ombre grandissante de la technologie numérique, les champs de bataille du monde entier subissent des changements fondamentaux. Avec l’avènement de la digitalisation, la guerre connaît de profondes transformations depuis ses origines les plus lointaines. Les armées autrefois façonnées par des stratégies traditionnelles se transforment rapidement et adoptent toute une gamme de technologies avancées.
Dans cet univers interconnecté, les cyberattaques et l’intelligence artificielle deviennent des armes aussi importantes que les chars et les avions de combat.
Plongeons ainsi quelques minutes dans cet univers en pleine mutation où le digital redéfinit les conventions et les croyances militaires ancrées depuis des dizaines de milliers d’années.
Nous verrons que cette redéfinition des enjeux de la guerre ne se limite pas seulement aux champs de batailles mais influe également plus en amont.
La digitalisation des opérations milliaires.
La digitalisation du monde redéfinit les angles d’attaque desdifférents acteurs lors des différentes guerres. En effet, dorénavant la bataille ne se fait plus uniquement sur le sol mais également à distance grâce aux nouvelles technologies, on parle de guerre dans le cyberspace.
Depuis quelques années nous voyons se multiplier les cyberattaques provenant de petits groupes indépendants ou missionnés par différents États dans l’ombre.
Sur le site d’IBM, une cyberattaque est définie comme « un effort intentionnel visant à voler, exposer, modifier, désactiver ou détruire des données, des applications ou d’autres actifs par le biais d’un accès non autorisé à un réseau, un système informatique ou un appareil numérique. »
Dans un contexte de guerre, ces piratages permettent de récupérer un nombre incalculable d’informations sur l’adversaire, sa structure et ses stratégies.
La Guerre opposant l’Ukraine et la Russie depuis maintenant près de 2 ans est un excellent exemple illustrant le concept de Guerre hybride.
En effet, selon les services de cybersécurité ukrainiens, depuis l’invasion de l’armée russe, l’Ukraine a vu le nombre de cyberattaques russes triplé.
Moscou a mené plus de 4500 cyberattaques en 2022, selon M. Vitiuk. Ces attaques ciblaient en particulier le secteur de l’énergie, les installations militaires ainsi que les bases de données gouvernementales. Le but était de toucher le gouvernent mais également la population en les privant d’électricité et de chauffage.
Les nouvelles armes
Autre que cette guerre numérique, la digitalisation permet aux différentes armées de développer de nouvelles armes.
Chaque armée voit ses pôles « R&D » se développer pour ne pas se laisser devancer par les grandes nouveautés digitales. Cette constante évolution amène à la création de nouvelles armes toutes plus pointues et complexes les unes que les autres.
Les drones sont bien connus du grand public. Si nous continuons sur notre exemple de la guerre en Ukraine, celle-ci a déjà bien montré l’importance de son utilisation avec les « Shaded-136 iraniens » utilisés par la Russie ou encore les engins de reconnaissance utilisés par les Ukrainiens.
Les Etats-Unis travaillent d’ores et déjà sur un projet d’attaque de milliers de drones interconnectés nommée « Super Swarm ». Ce projet a pour but de lancer une attaque aérienne permettant de submerger l’ennemie sans perte humaine.
Comme dans les jeux vidéo, est développés des robots capables de tuer à distance. La France a d’ailleurs déjà testé ce type d’armes comme les robots-chiens Spot de la société Boston Dynamics.
L’entreprise Ghost Robotics a d’ailleurs créé un robot-tueur doté d’un fusil MK-17nomée Spur permettant de toucher une cible située à 1200m de celui-ci.
La liste de ces nouvelles armes peut être très longue mais j’aimerais ajouter les super-missiles allant jusqu’à 10 000km/h. Ces armes hypersoniques permettent de toucher plus rapidement l’ennemie et donc de posséder un énorme avantage militaire. La Chine et la Russie sont en tête de courses sur le développement de ce type de missile.
Si vous souhaitez en savoir plus n’hésitez pas à consulter cet article du MBA DMB.
Les nouveaux enjeux de communication et de recrutements
Au-delà des tactiques milliaires pures, la digitalisation du monde apporte un nouvel aspect aux guerres.
L’opinion publique est une nouvelle arme pour faire face à ses ennemis. Dans le but d’obtenir la faveur de celle-ci les différents acteurs de la guerre n’hésitent pas à utiliser les réseaux-sociaux.
Les groupes militaires et gouvernements utilisent cette nouvelle arme afin de communiquer directement avec le public grâce à des communiqués officielles et prise de parole sur les différents canaux sociaux des gouvernements.
Les réseaux-sociaux leur permettent de diffuser des informations plus rapidement et facilement et ainsi d’influencer les opinions publiques, semer la confusion et déstabiliser l’adversaire notamment grâce à des campagnes de propagande.
Ces stratégies permettent de mobiliser les civiles et ainsi de rassembler rapidement des soutiens populaires, de coordonner des mouvements de protestation ou d’organiser des actions civiles.
Dorénavant, les RS sont continuellement utilisés pour obtenir l’adhésion de l’opinion publique, nous pouvons prendre l’exemple du conflit Israélo-Palestinien où un très grand nombre d’informations circule sur les RS et d’où les manifestations sont organisées.
Mais il est important de soulever le point des fake news. En effet, les acteurs étatiques et non étatiques n’hésitent pas à créer la confusion et de propager officiellement ou officieusement de fausses informations afin de manipuler l’opinion publique et la faire adhérer à leur cause.
Les nouvelles techniques de recrutement
En addition à cette problématique d’adhésion de l’opinion publique, les armées sont également confrontées à un problème de recrutement.
En France, les effectifs militaires ont reculé de 1 182 postes de 2021 à 2022, et cette tendance persiste, selon les données officielles du « rapport social unique » du ministère des Armées. Dans les rangs de l’armée de terre, les effectifs ont la priorité absolue.
Nous voyons ainsi se développer les campagnes de recrutement de l’armée en utilisant les codes de leur cible : les réseaux-sociaux.
L’armée de Terre française a très bien compris ce point et a vu sa stratégie de recrutement se transformer au cours des dernières années.
En effet, sur chacun des 3 grands réseaux-sociaux (FB, IG et X) l’armée de terre possède deux comptes : un global et un dédié au recrutement. Notons que c’est la branche armée la plus suivie avec plus de 1,5M de followers cumulés sur les 2 comptes Facebook par exemple.
Près de 5% des candidatures se font désormais via les réseaux-sociaux et 3% y déposent directement leur CV.
Leur stratégie s’axe principalement sur le témoignage et des vidéos montrant les coulisses de l’armée. Le service de communication a d’ailleurs réalisé une web-série nommée « mission 360 » mettant en avant la vie d’un soldat au sein du corps armée. Cette campagne fut un vrai succès avec plus de 1,1 million de vues sur Dailymotion et plus de 750 000 sur YouTube.
De plus, un avatar Caporal a été créé permettant de répondre à 200 questions de bases afin de pouvoir accompagner au mieux ceux qui souhaitent se renseigner.
Pour finir, le service recrutement de l’armée de terre a ouvert une cellule de « Net Influence » où 4 personnes répondent aux questions des internautes de 8h à 22h30, 7j/7. Ce service permet de répondre aux jeunes qui souhaitent se renseigner simplement et rapidement.
Pour finir….
Les armées et les guerres ne passent donc pas à côté de la digitalisation du monde. Entre la guerre dans le cyberspace et les nouvelles armes développées, celles-ci sont de plus en plus féroces et tendent à se transformer en réinventant les tactiques ancestrales que nous connaissons bien.
L’opinion publique est devenue l’une des armes les plus importantes, les groupes militaires et gouvernements l’ont très bien compris en transmettant de l’information véridique ou non via les réseaux-sociaux afin d’obtenir l’adhésion des civils.
Enfin ces réseaux-sociaux permettent aux différentes armées de mieux toucher leur cible lors de leur campagne de recrutement.
Mais il faut tout de même prendre du recul et réfléchir sur les problématiques éthiques et sociales qu’engendrent cette course aux nouvelles technologies.
La rédaction de cet article inclus l’usage d’outils d’IA générative. Lire la note méthodologique.
Sur un thème plus léger, je vous invite à lire l’article de Phuong Dung Do sur la BD » Le monde sans fin » de Jean-Marc Jancovici qui traite de l’évolution du monde avec le digital.