Les robots vont-ils devenir nos influenceurs mode de référence?

Les robots à l’assaut de la Fashion Sphère…

Connaissez-vous Sophia, le top qui a fait la couverture du 400ème numéro du magazine de mode britannique Stylist en Janvier 2018 ? Qu’a-t-elle d’extraordinaire ?
A première vue, rien de plus qu’un autre mannequin influenceur habitué des pages modes. Sauf que Sophia est… un robot. En effet, elle est l’une des dernières nées de Hanson Robotics, une entreprise de Hong-Kong spécialisée dans l’ingénierie et la robotique, plus particulièrement connue pour ses humanoïdes dotés d’intelligence artificielle. Une compagnie aux activités futuristes dont le slogan n’est autre que « Nous donnons vie aux robots ». Tout est dit sur eux.

Quant à elle, Sophia n’en est pas à sa première apparition dans les médias. Capable de répondre de façon naturelle à des questions en tout genre, elle a été reçue et interviewée dans de nombreuses émissions de télévision en 2017. Le robot Sophia a fait l’objet d’une polémique à l’échelle mondiale après avoir reçu la nationalité saoudienne, une première. Déjà critiquée pour sa politique en matière de droits de l’homme, l’Arabie Saoudite a soulevé de nombreuses questions éthiques sur cette naturalisation inédite.

…Et des médias

L’apparition des humanoïdes dans notre quotidien n’épargne donc pas l’industrie de la mode. C’est donc pour Vogue Us cette fois-ci qu’Erica, robot de 23 ans (en apparences !) créée par le japonais Hiroshi Ishiguro en 2015 prend la pose. Elle a d’ailleurs participé avec son créateur au projet Gucci The Performers en partenariat avec GQ , une série de films artistiques dépeignant la vision du monde de diverses personnalités influentes. Habillée par Gucci, le robot expose dans le célèbre magazine sa vision de la mode et de la condition humaine. Une belle ironie.
Cependant, pour Erica, l’avenir est tout tracé puisqu’elle est pressentie pour reprendre les rênes d’un journal télévisé au Japon.

 

Les réseaux sociaux, entre « real life » et virtualité

Sur les réseaux sociaux, une autre forme de célébrité issue de la technologie a fait son apparition. Les influenceurs virtuels, dont le nombre d’abonnés sur Instagram font pâlir les fashionistas les plus averties. Noonoouri , jeune femme aux traits de poupée entièrement faite d’images de synthèse, fait ses débuts en Février 2018. Créée par le fondateur de l’agence de design et branding Opium Effect, elle totalise 214K abonnés sur son compte Instagram : @noonoouri. Elle collabore avec de nombreuses maisons de haute couture telles que Dior, s’incruste dans des photos avec des célébrités, montre les coulisses des plus grands défilés et événements de la fashion sphère. Plus surprenant, elle partage également sa « vie privée », séances de sport ou sorties avec ses amis, réels et virtuels.

 

Les maisons de luxe à l’affut des canaux de communication 3.0

Mais elle est loin d’être la seule à séduire les maisons de luxe été les utilisateurs d’Instagram qui sont toujours plus nombreux à suivre ces avatars parfaits à la vie glamour. On se souvient de la « Balmain Army » dévoilée en août 2018 par Olivier Roustaing, directeur artistique de la maison Balmain, composée de Margot, Zhi et Shudu, un trio d’égéries multiethniques virtuelles au physique de rêve.

Le plus surprenant, c’est en effet la pérennité de ces avatars qui continuent de gagner en notoriété. Elles attirent toujours plus de grands noms de la mode désireux d’affilier leur marque avec cette nouvelle génération d’influenceurs avant-gardistes. Leur atout, un story-stelling impeccable raconté dans les stories et sous leurs photos Instagram qui fait rêver leurs millions d’abonnés. Le photographe Cameron-James Wilson a créé Shudu, influenceuse virtuelle d’origine africaine, très engagée pour une mode éthique et diversifiée. Son compte Instagram @Shudu.gram totalise aujourd’hui 154k abonnés. C’est la chanteuse Rihanna qui la rend célèbre via un post sur les réseaux sociaux de sa marque, Fenty Beauty.  Une publicité en béton pour ce mannequin virtuel à la morphologie… tout aussi irréelle.

L’influenceuse @LilMiquela, jeune millénial très menue et branchée est quant à elle engagée pour le mouvement « Black Lives Matter » et la cause LGBT qu’elle défend sur son compte Instagram suivi par 1,5 millions d’abonnés, où elle affiche son style à mi street, mi grunge, partage sans compter ses collaborations avec les plus grands magazines de mode, sa vie privée avec ses amis influenceurs (virtuels eux aussi) et ses sorties sur les événements célèbres de la planète mode internationale.

Des mannequins robots, et les « vraies » femmes…?

A l’heure du féminisme, de « Nous Toutes » et du combat pour un mannequinat plus inclusif de toutes les morphologies. Alors que Mattel propose enfin des poupées Barbie de toutes morphologies et ethnies (une belle avancée), ces humanoïdes plus-que-parfaites dénotent. En effet, elles posent une réelle question d’éthique. Est-ce acceptable que les femmes et jeunes filles d’aujourd’hui s’identifient à ces modèles qui n’ont rien d’humain ?
Cette nouvelle tendance soulève plus que jamais le problème du regard porté par la mode sur notre société. Une nouvelle occasion de relancer le débat sur le long chemin qui reste à parcourir sur le sujet.