Les réseaux sociaux & la révolution iranienne

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Mahsa Amini a été arrêtée et tuée en septembre 2022 à cause de son voile mal ajustée. Ce terrible évènement a pris une ampleur particulière à travers tout l’Iran et le monde notamment à cause des réseaux sociaux. Ils ont une place toute particulière dans certaines régions sensibles où ils catalysent et déclenchent les soulèvements populaires contre les régimes politiques. 

Les réseaux sociauxont sont à l’origine d’une vague de solidarité internationale. Twitter, Instagram ou Facebook sont innondés de photos, vidéos et prises de paroles de jeunes femmes iraniennes se coupant les cheveux ou brûlant leurs voiles. Leurs voix sont entendues par leurs compatriotes mâles. D’ailleurs eux-mêmes se font le relais au delà de leurs frontières. Hommes et femmes de toutes les générations défilent dans les rues de Téhéran et sur les plateformes digitales. 

Iraniens, influenceurs et chefs d’orchestre de la révolte sur les réseaux sociaux 

Mahnaz Shirali, sociologue-autrice de Fenêtre sur l’Iran, le cri d’un peuple bâillonné (2020), retrace le rôle des réseaux sociaux au coeur de cette révolte.  Les rassemblements sont avant tout digitaux. Comme à l’époque, les instigateurs des révoltes sont les jeunes iraniens âgés entre 20 et 30 ans. A la différence qu’ils excercent un nouveau métier : influenceur. Ils ne laissent pas de place à la haine. Ils font régner solidarité et amour au coeur de leurs différentes communautés. Ces chaînes de discussion permettent de faire la lumière sur l’origine du mal : les dirigeants iraniens. 

Clubhouse, plateforme de discussion en ligne, est le point de rencontre le plus utilisé par les jeunes iraniens. Ils ont pu s’y retrouver, se conseiller mais également recevoir du soutien de leurs compatriotes à l’étranger. Quant à Twitter, le réseau est le point de relai mondial de transmission en direct des informations. Les affrontements entre les civils et les autorités sont capturées en photos et vidéos pour être retweetées par milliers. Pour Mahnaz Shirali les réseaux sociaux ont permis à l’Iran de se créer « une conscience et sagesse collective ». 

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Focus litérraire

 » La plupart des journalistes iraniens sont en prison et les femmes qui résistent à la domination religieuse sont réprimées. Privés de leurs droits fondamentaux, et en l’absence de libertés politiques, les Iraniens ont pour seul espace d’expression les réseaux sociaux. Le contrôle d’Internet est ainsi devenu un enjeu majeur pour les responsables politiques, obligés de s’en réapproprier les codes pour diviser la société. La mobilisation virtuelle annoncerait-elle un soulèvement populaire ? Mahnaz Shirali a mené l’enquête au cœur de ces réseaux sociaux. « 

Les catalysateurs des révoltes populaires 2.0

Les réseaux sociaux ont aussi été les déclencheurs des révoltes des Printemps Arabe. Le terme de « révolution Twitter » est même apparu pendant la polémique autour de la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad en 2009, un des èvenements les plus marquants de cette période de l’Histoire. L’activisme numérique n’est pas un phénomène nouveau, mais son organisation est différente à cause des  changements de communication. Il va continuer à évoluer avec les mutations du digital 3.0. De même que pour les réseaux sociaux qui ont énormément changé. Twitter et Instagram ne sont plus les points de rencontres de la génération Z. Au contraire de TikTok et des plateformes communautaires comme Clubhouse.

Les informations échangés sur Twitter ne sont pas accesibles de la même manière en France et en Iran. Internet est filtré et restreint par le gouvernement iranien. En effet, Instagram et Whatstapp ont rapidement été bloqués suite aux premières manifestations. Cela n’a pas empêché les manifestations de se multiplier à travers le pays et au delà de ses frontières. Un véritable pied de nez aux autorités islamiques !

L’activisme numérique comme moyen de lutte 

Internet a vu naître une nouvelle résistance grâce aux outils numériques 2.0 ! L’utilisation des VPN permet aux Iraniens de se connecter à internet en cachant leurs adresses IP et la destination pour pouvoir ainsi partager et communiquer sur leur situation au reste du monde. Malheureusement les VPN peuvent facilement être bloqués. Une autre solution pour envoyer des images serait grâce à l’application de messagerie chiffrée Signal. Evidemment interdite en Iran, Signal a publié un guide pour la création d’un serveur proxy qui permettrait à l’utilisateur de communiquer via l’application sans être reconnu. C’est en toute discrétion que ce système ingénieux s’est finalement retrouvé en Iran grâce à un réseau de militant. L’accès à Internet reste un élément obligatoire pour utiliser ces deux méthodes, et cela s’avère encore compliqué dans certains régions en Iran où la répression est féroce. La résistance numérique est très puissante puisqu’elle allie les informaticiens des pays opprimés à d’autres informaticiens étrangers. Les cyber-attaques sont fréquentes obligeant les révolutionnaires numériques à redoubler d’ingénosité. 

Articlé rédigé par Morgane Khazrai, Avril 2023

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