Relations marques-influenceurs : moins d’hystérie, plus de raison ?

Samedi dernier, la youtubeuse numéro 1 en France, EnjoyPhoenix, a publié une vidéo sur sa chaîne, qui est restée en tête des tendances tout le weekend. Dans cette dernière, elle explique mettre un terme à toutes ses relations avec les marques avec lesquelles elle travaille depuis 7 ans. Entre revendications écologiques et respect de la vie privée, pourquoi ne souhaite-t-elle plus recevoir de produits de marques ? Est-ce une action isolée ou le début d’un mouvement généralisé ? Éléments de réponse. 

« Là ça devenait trop, beaucoup trop »

Elle explique recevoir chez elle (son adresse circulant d’agence en agence dans le non-respect de sa vie privée) entre 5 et 10 colis par jour. Des produits souvent sur-emballés avec des matériaux qui ne se recyclent pas toujours et des colis envoyés sans aucun ciblage préalable. Il lui arrive en effet de recevoir 40 teintes d’un même produit, elle se retrouve alors avec un stock de produits incalculable, qu’elle tente tant bien que mal de donner ou de faire gagner dans des concours pour ses abonnés. Quand elle ne peut ni les donner ni les faire gagner, ou lorsque ceux-ci ont dépassé leur date de péremption, elle est contrainte de les jeter. Un gaspillage tant économique qu’écologique, qu’elle dit ne plus supporter.

Marie Lopez, de son vrai nom, explique ne plus vouloir être actrice de ce genre de pratiques. Pour cette raison, elle a adressé un mail à toutes les marques avec lesquelles elle travaille depuis des années pour leur demander de ne plus lui envoyer un seul produit. Elle leur a expliqué, au-delà de la problématique du « gaspillage », ne plus avoir la même ligne éditoriale, ni les mêmes envies et attentes. Elle aime toujours la beauté, les soins… mais désire s’attarder davantage sur la composition des produits, l’ADN de la marque, etc.

Il s’agit là d’un phénomène de société qui dessine l’une des tendances retail de 2019 : la « consom’action ». Les attitudes de consommation ont largement évolué ces dernières années. Nous sommes passé du consommateur, simple spectateur de son environnement, qui achète ce qu’on lui propose ; au « consom’acteur » qui adopte une attitude plus critique et réfléchie vis-à-vis des produits qui lui sont proposés.

Les marques ne savent pas y faire du tout

Le cas d’EnjoyPhoenix n’est pas un cas isolé. Même constat pour Horia, également dans le top 10 des youtubeuses les plus influentes en France. Dans une vidéo publiée sur sa chaîne quelques jours avant celle d’EnjoyPhoenix, elle ajoute recevoir des mails tous les jours, des copiés collés lui expliquant qu’elle serait une « candidate idéale » pour promouvoir tel ou tel produit. Elle explique dans cette vidéo que “les marques ne savent pas y faire du tout”. Selon elle, les marques ne respectent pas les influenceurs ni leur communauté en fonctionnant ainsi. « Je ne suis pas une vendeuse » s’indigne-t-elle, lorsqu’on lui parle de commissions ou de rémunération aux clics. Par ailleurs, nombre d’influenceurs reprochent aux marques de faire la course au meilleur packaging, de toujours vouloir « faire de l’impressionnant » dans l’espoir que l’on parle de leurs produits.

Si les grandes youtubeuses peuvent dire stop à l’envoi massif de produits, c’est parce que leur métier d’influenceuse les a parfois amené à monter leur propre « business » (une marque, une boutique…). Elles n’ont alors plus besoin de ces partenariats avec les marques pour gagner leur vie. A contrario, cela renforce la tendance des micro-influenceurs qui, quant à eux, vivent de ces partenariats avec les marques et pour qui arrêter de recevoir des produits serait perdre leur métier.

Néanmoins, ce mouvement, par l’influence des Youtubeuses qui l’initient, pourrait marquer une évolution dans la relation marques-influenceurs. Quoi qu’il en soit, il montre bien que les marques doivent changer leur mode de fonctionnement vis-à-vis des influenceurs. A elles de s’adapter aux attentes de ceux-ci. Il est temps qu’elles les prennent davantage au sérieux, en leur proposant des produits et des partenariats adaptés et qu’elles interagissent avec eux de façon plus respectueuse.

L’année 2019 signerait-elle l’âge de raison des relations marques-influenceurs ?


Pour aller plus loin :

« Les 6 étapes pour un partenariat influenceur réussi« 

Vous êtes intéressé par les nouvelles tendances retail et notamment la « consom’action » ? Rendez-vous le 14 février à la Maison de la Mutualité pour le HUBDAY Future of Retail & E-commerce.