Quelles ressources numériques au lycée ?
Dans le cadre du projet de MasterClass réalisé pour le MBA Digital Marketing & Business, j’ai eu l’opportunité d’interviewer Alexandra Mounier, directrice de projets « manuels scolaires et ressources numériques » de la région Île de France.
Avec une camarade, j’ai rencontré madame Mounier sur le salon VIVATECH, auquel nous avons eu la chance de pouvoir nous rendre grâce au MBA et au partenariat avec Microsoft. La région Île de France tenait un stand sur lequel les collaborateurs accueillaient différentes start-up, notamment de la EdTech*, venues présenter leurs projets. En l’occurrence, nous étions venues assister à plusieurs interventions repérées sur le programme du salon pour enrichir le contenu de notre masterclass « La Transformation numérique des lycées ». C’est à la suite de ces échanges que nous avons pu convenir avec madame Mounier d’un entretien en distanciel la semaine suivante.
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Alexandra Mounier nous a longuement parlé des projets qu’elle dirige, et à cette occasion nous avons pu constater que l’éducation nationale travaillait déjà – et depuis longtemps – à la digitalisation de l’enseignement dans le secondaire.
Voici en substance le résumé de nos échanges.
Q. Pouvez-vous vous présenter et nous parler de la genèse de votre poste ?
AM. Je m’appelle Alexandre Mounier, je suis directrice de projets « manuels scolaires et ressources pédagogiques » pour la région Île-de-France. J’occupe ce poste depuis deux ans. Nous l’avons créé au moment de la réforme du baccalauréat. La présidente de la région Île-de-France souhaitait proposer aux lycées de basculer vers le tout numérique, ce qui impliquait le passage aux manuels numériques. En l’occurrence, les lycées étaient déjà équipés de très haut débit, nous avions les infrastructures adéquates. Il s’agissait ensuite d’installer le wifi et, dans le cadre de ce projet, d’équiper les élèves et les professeurs d’ordinateurs ou de tablettes, au choix. Post confinement, nous avons décidé de basculer complètement vers des PC.
Q. Pouvez-vous nous donner un exemple de ressource numérique utilisée au lycée ?
AM. Pearltrees est un excellent exemple, très répandu en Île-de-France. Pearltrees est un agrégateur de contenus qui permet d’ordonner des contenus sous forme de perles et ainsi de créer des parcours. Ces perles peuvent prendre la forme de textes, de vidéos, d’images, des liens vers des sites Internet, des questionnaires…Ce qui est top avec cet outil, c’est que l’enseignant peut aider l’élève pour aider ce dernier à créer les parcours les plus pertinents pour lui.
Q. Quel est le fonctionnement de la région vis-à-vis des start-up de la EdTech ?
AM. On a lancé un appel à projets – pour les entreprises de la EdTech, c’est donc un appel à candidatures. Nous avions défini trois thèmes et nous étions à la recherche de ressources correspondant à ces thèmes. En l’occurrence, les thèmes étaient l’individualisation des parcours, le travail en autonomie de l’élève et la recherche d’outils généraux permettant de travailler en transversal. Les start-up nous ont présenté leurs produits. Nous avions une soixantaine de réponses, nous avons retenu quarante-quatre candidatures. Puis nous avons proposé un speed-dating aux lycées. Les éditeurs avaient un timing serré pour présenter leurs ressources et convaincre les représentants des lycées. A l’issue de ces rendez-vous, les lycées ont voté pour leurs dix ressources préférées, les DANE et la région en ont sélectionné treize de plus. Nous avions donc 23 ressources retenues…
Ensuite, les lycées ont monté des dossiers pour pouvoir tester ces ressources. 438 projets ont ainsi pu évaluer ces ressources ! Il s’agissait de tester la prise en main de l’outil, la fluidité du contact avec l’éditeur, le démarrage, comment se passait l’utilisation pratique… et surtout d’estimer les gains pédagogiques ! Finalement, nous avons retenu et intégré au catalogue de la région 16 ressources pour la rentrée 2022.
Q. Selon vous, comment se traduit la transformation digitale des lycées ?
AM. Nous avons des indicateurs pour estimer cette transformation. En l’occurrence, nous avons un visu sur les connexions aux ressources et aux logiciels. Nous voyons l’évolution des connexions, le matériel est de plus en plus utilisé. C’est la même chose avec les manuels et les ressources. Il y a une vraie appropriation du matériel et des ressources. Les usages augmentent.
Q. Quelle place pour l’intelligence artificielle dans les lycées ?
AM. J’ai un peu tendance à l’oublier, parce que c’est presque une vieille habitude ! Nous avons déjà des ressources qui embarquent des moteurs d’intelligence artificielle. En l’occurrence, des ressources qui proposent des exercices proches du niveau de l’élève, de manière à ne jamais le décourager et à le faire progresser. C’est le cas de Adaptiv’Langue, qui fonctionne sur ce principe. De son côté, le professeur dispose d’un tableau de bord dont il se sert pour dégager les tendances dans la classe. Il peut ensuite se rapprocher d’un élève ou d’un groupe d’élèves pour apporter de la remédiation. Ce qui est génial, c’est qu’on arrive à un système où le travail « bête et méchant » est fait par le logiciel d’IA, tandis que le prof apporte tout le plus, toutes les explications, le travail personnalisé et individualisé.
Q. Selon vous, quelles seront les prochaines grandes évolutions allant dans le sens de la digitalisation des lycées ?
AM. Il reste beaucoup à faire. En l’occurrence, les ordinateurs changent la pédagogie dans une classe. Pour un professeur, ce n’est pas forcément agréable de voir tous ses élèves sur un écran ! Les profs commencent donc à travailler en petits groupes. On est vraiment en train de passer à un enseignement descendant à un enseignement beaucoup plus collaboratif, en groupes de travail. S’ensuit des demandes de matériel pour travailler en groupe. On songe à réaménager les salles, à les équiper de mobilier spécifique.
Merci encore, Alexandra !
* La Edtech est un secteur d’activité qui regroupe des entreprises proposant des innovations technologiques pour transformer le monde l’éducation et de la formation.