Quelles possibilités de financement pour les créateurs de contenu sur Youtube ?

Quelles possibilités de financement pour les créateurs de contenu sur Youtube ? Entretien avec La Chaîne de Bertrand

Dans le cadre de la thèse professionnelle que nous devons réaliser au sein du MBA Digital Marketing & Business de l’EFAP, école de communication, j’ai du réaliser un certains nombre de recherches. Mon sujet portant sur la transformation digitale des médias et son impact sur le traitement de l’actualité politique, j’ai eu recours à des articles, publications sur internet de tous types (écrites, vidéos). J’ai lu des ouvrages tels que Le désenchantement de l’Internet, Les médias sont-ils dangereux ou encore Pour une télé libre contre Bolloré. L’enjeu était qu’au-delà de ces sources assez classiques, nous nous tournions vers des professionnels du secteurs, les principaux concernés, de manière à avoir des ressentis et points de vue très concret des réalités sur ces marchés. Pour ce faire, j’ai échangé avec plusieurs acteurs, certains issu de médias traditionnels et d’autres appartenant aux nouveaux modes d’information en ligne.

Entre autres, j’ai pu échanger avec le propriétaire de La Chaîne de Bertrand sur Youtube, concernant les différentes possibilités de financement pour un créateur de contenus sur une plateforme comme Youtube.

 

Premièrement, les vues associées aux contenus de la chaîne peuvent générer une source de revenus. Plus il y a de visionages, et alors plus la plateforme rémunèrera le créateur. Seulement, ce n’est pas le cas de toutes les plateformes : si sur Tiktok et Youtube ce fonctionnement existe, ce n’est pas le cas sur Instagram.

 

Deuxièmement, les créateurs de contenus peuvent se rapprocher de marques, ou être directement démarchés par ces dernières, dans le cadre de « partenariat », « placement de produit », « opération commerciale », ou toute autre appellation visant à décrire ces pratiques. Ce moyen de financement est un des plus utilisés sur ces plateformes tant il permet aux créateurs de financer leur production en l’échange de quelques minutes de visibilité dans une vidéo.

 

Les plus connus sur ces plateformes sont sans doute NordVPN (réseau virtuel privé) ou encore Rhinoshield (offre de coques pour téléphones et appareils électroniques) qui inondent le marché en s’associant à de très nombreux créateurs et allant parfois jusqu’à sponsoriser l’intégralité d’une chaîne Youtube. Ce fut le cas pour la chaîne Des cuts et des zooms notamment, animée par les créateurs Amixem et Joyca. Il existe de nombreux annonceurs sur ces plateformes et leur produit/service est très diversifié. Mais pour les créateurs de contenus dont on parle, qui traitent donc de sujets politiques, et qui sont souvent assez expressif quant à leurs opinions et positionnements politiques, cela devient compliqué.

 

C’est ce qu’évoquait le propriétaire de La Chaîne de Bertrand, connoté très à droite sur l’échiquier politique. Militant assez ouvertement pour la candidature d’Eric Zemmour, il s’est rendu compte de la difficulté de trouver des annonceurs pour réaliser des opérations commerciales. Il a tout de même réalisé des opérations, parfois même avec des marques en adéquation avec son contenu. 

Ce fut le cas lorsqu’il a fait la promotion dans plusieurs vidéos de Gettr, une plateforme de réseau social créée par l’ancien assistant et porte-parole de Donald Trump. Présentant de fortes ressemblances à Twitter notamment concernant l’interface, l’application se veut défendre la plus totale liberté d’expression.

 

En revanche donc, d’une manière générale, il n’est pas simple de trouver des partenaires commerciaux pour soutenir sa chaîne Youtube, au point de se tourner vers des marques très éloignées en termes d’activité, et par conséquent faire la promotion d’un jeu de guerre sur téléphone portable. 

 

Troisièmement, proposer du merchandising afin de tirer des bénéfices de la vente de vêtements par exemple. 

 

Enfin, une des possibilités de financement qui est surement la plus utilisée et la plus efficace pour ces créateurs, c’est le financement participatif. Les créateurs peuvent appeler leurs lecteurs, et ici leurs viewers, à donner, de manière ponctuelle ou régulière, une somme plus ou moins élevée d’argent. 

 

Cela permet au créateur de détailler l’ensemble des coûts que cette activité entraîne, et de convaincre ses abonnés de devenir donateurs. C’est aussi une proposition de faire grandir la chaîne, en augmentant la qualité de ses contenus. Engager un monteur pour optimiser le temps et ainsi produire davantage de vidéos. Investir dans du matériel de tournage plus qualitatif pour améliorer le son et l’image. 

 

Ceci est possible car une chaîne Youtube ou un compte Instagram, incarné par une personne laissant transparaitre dans ses vidéos son caractère, son humour, sa sensibilité, etc, créé de la proximité avec les utilisateurs. Le contenu est personnifié par quelqu’un que les utilisateurs peuvent être amenés à voir plusieurs fois dans une même semaine, bien que virtuellement.

 

Du côté du Canard Réfractaire, positionné très à gauche sur l’échiquier politique, c’est l’option qui a été favorisée. Leur parti-pris étant de ne pas réaliser d’opérations commerciales pour bénéficier d’une indépendance la plus totale, ils misent sur une mobilisation annuelle dans le cadre d’une campagne de recrutement.