Outils digitaux et accompagnement professionnel, duo gagnant pour l’observance des patients ?

Outils digitaux et accompagnement professionnel, duo gagnant pour l’observance des patients

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La mauvaise observance des traitements médicaux par les patients est un problème de santé publique majeur non résolu. Grace au numérique des avancées intéressantes voient le jour. Le développement d’outils digitaux, couplé à un accompagnement professionnel et l’aide des proches pourraient permettre de redresser les chiffres de l’Observance et ainsi agir sur la santé de nombreux patients.

Des chiffres de l’observance ou de la non observance thérapeutique qui interpellent

Commençons par définir l’observance thérapeutique. Il s’agit de « l’étude de la cohérence entre le traitement prescrit à un patient, et la capacité de ce dernier à respecter la prescription, tant dans la durée que dans la posologie ». On peut y ajouter « l’adéquation entre le comportement du patient et les recommandations du médecin » assimilées à l’adhérence thérapeutique.

Un patient est observant lorsque son Medication Possession Ratio (MPR), son rapport entre le nombre de jours de traitement délivrés et le nombre de jours de la période de traitement considérée est supérieur ou égal à 80%.

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que la non-observance des traitements médicaux concerne en France près de 50 % des patients atteints de maladies chroniques.

Des conséquences sur la mortalité…

D’après le Think Tank Fondation Concorde, elle est à l’origine de l’augmentation de la mortalité en France (environ 8000 décès par an) et de nombreuses complications de santé. Et son coût induit deux milliards d’euros par an dont un million en journées d’hospitalisations…

Les Entreprises du médicament (LEEM) donne également des éléments chiffrés sur la non-observance :

  • 1 patient sur 2 oublie de prendre ses médicaments
  • 1 sur 3 ne suit pas le traitement prescrit
  • 1 sur 4 ne respecte pas la dose prescrite
  • 3 patients sur 10 ne vont pas jusqu’au bout de leur traitement

Ces derniers chiffres sont à rapprocher d’une autre donnée : au-delà de 3 traitements, situation courante chez les patients atteints de maladies chroniques, la non-observance explose.

Des causes et des leviers identifiés

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Une publication de la Cochrane (Sophie Hill et coll., université La Trobe) identifie 4 raisons de non-observance :

  • L’adhésion aux horaires de prises
  • Une volonté délibérée d’indiscipline
  • Un arrêt de traitement en raison d’une absence d’efficacité thérapeutique rapide
  • Enfin, un coût du traitement très élevé

Dans son rapport sur l’observance le Cercle de Réflexion de l’Industrie Pharmaceutique (CRIP) a distingué les 6 leviers à actionner :

« Le concours des nouvelles technologies est bien sûr essentiel. Elles permettent à la fois d’analyser au plus près de chaque patient les causes éventuelles de mauvaise observance, mais également de lui fournir une information adaptée, propre à favoriser l’adhésion au traitement, et donc l’observance. »

Eric Fatalot, membre du CRIP

  • Délivrer une information fiable, accessible, actualisée sur des plateformes web pour renforcer l’adhésion
  • Mieux former les professionnels de santé à la communication sur les traitements
  • Créer des outils simples d’usage en consultation et à distance
  • Inciter les professionnels à promouvoir l’observance
  • Mobiliser associations et entourage des malades
  • Déclarer l’observance “grande cause nationale”

Au côté des professionnels de santé, les industriels du médicament et les acteurs du numérique en santé se commencent à s’emparer du sujet pour répondre à cette problématique.

Des outils digitaux au service de l’observance

L’essor des technologies, le développement d’un écosystème plus structuré de e-santé en France couplé à l’effet « boost » de la COVID-19, ont permis de faire émerger des nouvelles solutions.

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Typologie des outils digitaux et solutions numériques en santé – Livre blanc esanté et santé connectée CNOM

Voici un panorama non exhaustif d’outils en France et à l’étranger qui ont émergé dans différentes catégories de la santé connectée ; de la télémédecine à la robotique en passant par la m-santé :

  • Un serious game pour motiver les patients : la société californienne Mango Health transpose à l’univers de la santé les codes du jeu pour encourager les patients à mieux suivre leurs traitements. Les utilisateurs gagnent ainsi des points à chaque fois qu’ils prennent correctement leurs médicaments. Ces points leur permettent d’atteindre différents « niveaux ». Pour chaque niveau, un tirage au sort est organisé de manière hebdomadaire avec, à la clé, des bons d’achat auprès de partenaires ou des dons à des associations caritatives.

  • Un pilulier connecté intelligent : développé par la startup française Medissimo, Imedipac est un pilulier et une recharge hebdomadaire à préparer soi-même ou par le pharmacien. Il est connecté à la plateforme de santé de Medissimo, pour permettre les échanges avec les professionnels de santé et ses proches. Il enregistre en temps réel les éléments liés à la prise du médicament. Si la plateforme relève un oubli, elle alerte le patient ou son entourage par notification vocale, sms ou mail. Une Version d’imedipac 2 a été développée et intrégre des capteurs capacitifs assurant une détection plus affinée.

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  • Des services de télésuivi et de téléobservance : la société ORKIN, a développé plusieurs services de télésuivi dont pour améliorer l’observance des patients souffrant d’apnée du sommeil sous ventilation. Une analyse a montré que les patients bénéficiant de la téléobservance présentent un niveau d’observance au traitement significativement supérieur aux patients non-téléobservés.

  • Des applications mobiles: Roche Diabetes Care France a développé l’application Novi-Chek conçue pour amener les jeunes diabétiques entre 13 et 25 ans à s’intéresser par eux-mêmes à leur maladie. Elle les accompagne alors qu’ils sont à une période clé de leur vie de patients diabétiques où il est important d’acquérir les bons réflexes de gestion de la maladie et du traitement. Novi-Chek fournit au patient des informations concernant la maladie et des outils de soutien et de rappels vis-à-vis du traitement (automesure de la glycémie et prise d’insuline après les repas, renouvellement du matériel, …). L’objectif : qu’il devienne autonome en dehors de l’hôpital.

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  • Des médicaments connectés : La société Canary Health Technologies a développé la technologie NanoSmart ™ Celle-ci recouvre tout médicament oral d’une couche moléculaire qui agit comme un code-barres. Combiné avec le biocapteur nanoparticulaire nGageIT Digital Health ™, cela permet une visibilité en temps réel de l’observance du traitement.

  • De nouveaux robots compagnons : la société Blue Frog Robotics a mis au point Buddy un robot capables de parler et d’interagir avec les humains. Il peut rendre de nombreux services : surveillance, collecte de données médicales via des objets connectés, rappel de prise de médicaments, stimulation cognitive, échange de mails et SMS avec la famille et les aidants, etc. Alors que les premiers robots étaient couteux, Buddy, surveille la maison quand il n’y a personne, rappelle les rendez-vous et répond au téléphone, pour moins de 650 euros.

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Le rôle clé des soignants et des aidants

« Prendre le temps d’écouter les patients, les aider à comprendre le traitement préconisé, participe à leur éducation thérapeutique et peut les encourager à respecter la prescription médicale. »  Stéphanie Journée, Journaliste indépendante & Marine Archambeaud, Docteur en pharmacie

Ecouter le patient, instaurer le dialogue est un des piliers de la bonne observance. Echanger avec le patient est essentiel pour qu’il appréhende sa maladie, son traitement avec ses bénéfices et ses effets indésirables négatifs, ou encore les modalités d’administration du médicament. Plus le patient sera expert de sa maladie, plus il sera impliqué dans le suivi de son traitement.

Dans ce domaine l’exemple de la société HAJIME AI est intéressant. Cette startup développe des solutions d’analyse des comportements humains, dans le domaine de la santé, grâce à l’intelligence artificielle et la psychologie sociale (en savoir plus).  

Se former pour mieux communiquer sur le sujet et favoriser les échanges avec les patients. Les professionels de santé doivent être capables d’effectuer un transfert de compétences du soignant vers le soigné. Ils doivent maitriser les techniques de communication et tous les aspects pédagogiques de l’éducation thérapeutique du patient. Ils doivent connaitre et recommander les outils digitaux et autres solutions numériques disponibles sur le marché, du pilulier au carnet de suivi, en passant par le programme de télésurveillance et le serious game pour les plus jeunes.

Se coordonner entre les différents professionnels de santé est essentiel pour permettre l’observance d’un traitement. La bonne transmission des informations sur le patient et son/ses traitement(s) entre le médecin spécialiste, le médecin généraliste, le pharmacien ou d’autres professionnels de santé est un enjeu majeur pour résoudre les problèmes d’observance. Sur ce point également les dernières évolutions technologiques peuvent venir aider les acteurs de santé.

Pour conclure

Des solutions existent pour réduire les chiffres de non-observance. Celles-ci passent par le trio professionnel de santé – industriel du numérique – patient.

Les initiatives existent même si la route est encore longue et jonchée d’obstacles : gestion de l’information et de la donnée patient, connaissance de tous les outils digitaux existants et capacité des patients à les utiliser ou encore priorisation des urgences par les soignants.

Sources :