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Le MOOC à la française : BE FUN !

Les MOOC constituent une véritable révolution pédagogique dans la production et la transmission des savoirs à l’échelle mondiale. Depuis 2012, les MOOC ont suivi un développement exponentiel. Plébiscités par le grand public, ils revêtent également un caractère stratégique pour les Etats.  Après un retour sur l’origine de cet acronyme et ses déclinaisons qui font tant de buzz, il sera question de présenter la plateforme française FUN.

Qu’est-ce qu’un MOOC ?

Massive Open Online Course : c’est la modalité de la formation numérique la plus connue et la plus diffusée aujourd’hui.

Conçu à l’origine au Canada au début des années 2000, l’essor des MOOC est intimement liée aux universités américaines de renom qui les ont mis en œuvre … Harvard, MIT ou encore Stanford, des fondateurs dont la légitimité et la valeur de l’enseignement ont attiré des milliers d’internautes…

Imaginez, avoir accès à des cours qui, jusque-là, n’étaient réservés qu’à une élite ?

Songez que grâce à cette révolution numérique, le commun des mortels peut aujourd’hui bénéficier du savoir de professeurs émérites d’universités prestigieuses…

Encore inimaginable il y a de cela quelques années en arrière !

On peut faire un parallèle avec la révolution de l’imprimerie qui a permis de démocratiser le savoir en mettant à disposition des textes sacrés jusque-là réservés à quelques initiés. De cette révolution de l’imprimerie et de la publication massive de livres, l’Europe a pu connaître une alphabétisation à grande échelle !

Cette révolution de l’accès au savoir permettra-t-elle d’éduquer massivement ?

C’est bien cette démocratisation du savoir qui est la valeur première des MOOC : permettre à un très grand nombre de participants, que l’on qualifie de public « massif », quel qu’il soit et où qu’il soit, sans qualification préalable, de bénéficier d’une expérience d’apprentissage complète en ligne et totalement gratuite.

Comment cela fonctionne ?

Véritable outil d’évolution des modalités d’enseignement, le MOOC se déroule sur un temps limité et séquencé, en général quelques semaines avec une date de début et une date de fin (en moyenne 6 semaines).

MOOCLe contenu pédagogique est varié : cours numérisés, vidéos, quizz etc. De manière plus systématique, le MOOC offre la possibilité d’obtenir une certification (c’est cette partie qui est le plus souvent payante). Il suffit donc d’une connexion internet pour obtenir les contenus numérisés et interagir entre pairs ou solliciter des professeurs.

L’avantage réel du MOOC est de pouvoir monter en compétence sur un sujet précis. C’est un format très intéressant pour s’auto-former.

Avec les MOOC, on peut parler d’une nouvelle philosophie pédagogique qui s’inscrit dans la mouvance de l’économie collaborative et que l’on intègre dans la catégorie open knowledge.

Ici la communauté d’apprenants détient un vrai rôle. Ce n’est plus une formation top down mais une formation horizontale où la fabrication des contenus peut être le fruit de l’enseignant ou celle de la communauté des apprenants. Un vrai changement de paradigme dans la manière de distribuer le savoir !

On distingue d’ailleurs deux grandes catégories de MOOC :

  1. le X-MOOC : contenu académique élaboré par un enseignant renommé. Il fonctionne comme le modèle classique de la salle de classe mais en ligne.
  2. le C-MOOC : création de contenus par la communauté enseignant- apprenants. C’est le modèle connectiviste. Ce sont les apprenants qui produisent eux- mêmes leurs cours. Toutefois, il y a des organisateurs qui structurent les discussions et contenus proposés.

Il existe toute une déclinaison autour des MOOC : les COOC, SPOOC

Dans la famille des cours en ligne… il y a aussi

Corporate online open courses (COOC)

A la différence des MOOC, les COOC sont construits spécifiquement pour les salariés d’une entreprise afin de développer leurs compétences en interne (former la force de vente aux nouveaux produits, le SAV aux innovations) ou encore pour créer un esprit d’équipe et développer la culture d’entreprise.

Les COOC ont pour principe de rassembler une communauté d’experts ou de même fonction. L’ambition est de créer de nombreux échanges entre pairs. Ce type de formation est bien adapté dans le cadre d’un besoin d’acculturation au digital. Ils sont utilisés par de grandes entreprises comme Renault, Bouygues, la SNCF ou Pernod Ricard.

 

Small private online courses (SPOOC):

A la différence des MOOC massifs et ouverts, les Spooc s’adressent à une petite communauté et sont privés. On peut assimiler ce format à une classe virtuelle asynchrone. Ici on retrouve le formateur dédié dont le rôle est de rendre la formation interactive et dynamique.

En France les MOOC c’est FUN, focus sur une plateforme publique

En 2011, il existait une dizaine de MOOC dans le monde. En 2016 on pouvait en dénombrer plus de 4000. Ce marché international est dominé par les plateformes américaines Coursera (16 millions d’utilisateurs), edX (4,5 millions), la britannique FutureLearn (2, 5 millions)

* chiffres 2016

Des wagons de retard dans la création de MOOC

La France, quant à elle, n’est pas aux premières loges dans le domaine de l’offre d’éducation en ligne.

Selon une étude menée par OpinionWay réalisée en 2013 pour le compte du ministère de l’éducation nationale, la France accusait un sérieux retard dans ce domaine (ce que pensaient 65 % des étudiants et 78 % des enseignants du supérieur à l’époque).

Un retard sur l’offre d’éducation en ligne que la France et notamment les pouvoirs publics et les établissements ont souhaité rattraper avec la création de la plateforme FUN pour France Université Numérique.

Lancée en 2013 par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, la plateforme FUN s’est positionnée 3 ans plus tard comme la première plateforme de cours en ligne en France et la 3ème européenne. Pour autant, la part de marché de la France ne représentait que 7,5 % de l’offre globale en 2016.

La plateforme reste encore très franco-française avec 98 % de l’offre issue d’établissements français et détient une faible proportion d’apprenants basés à l’étranger (environ 30% contre 2/3 des apprenants pour Future Learn).

Pour autant, FUN a réussi à attirer plus de 2 millions d’inscrits aux quelques 200 cours proposés par 75 établissements partenaires (Université Panthéon Sorbonne, Mines ParisTech, Gobelin, SciencesPo, Dauphine etc.).

Il faut dire que pour les écoles et les universités c’est un outil de promotion important pour faire valoir les enseignements qu’ils dispensent et pour rivaliser avec la concurrence internationale des écoles d’origine anglo-saxonnes.

FUN-MOOC a été développée avec le logiciel open source Open edX mis au point à l’origine par le MIT et l’université de Harvard.

Malgré quelques controverses sur le choix d’une solution américaine, c’est l’une des rares solutions open source pour la création de MOOC et l’une des plus abouties sur le plan technique.

Et ce partenariat est parti pour durer car en août 2017, FUN et edX ont renforcé leur accord en signant une nouvelle convention.

Se former en liberté !

FUN s’articule autour de cours réalisés par des professeurs d’universités et d’écoles françaises. Les cours sont dispensés par un professeur face caméra.

Les étudiants et internautes peuvent les suivre à leur rythme et aller chercher uniquement les cours qui les intéressent. Le principe du MOOC répond alors parfaitement au nouveau besoin d’apprentissage à la demande.

L’apprenant s’organise comme bon lui semble. Il doit cependant respecter un rythme hebdomadaire et valider son parcours par étape en répondant à des quiz ou autres types d’exercices. En fin de MOOC, un quiz final permet de contrôler si le cours a été assimilé. Dans ce cas, une attestation de réussite est délivrée.

Les cours dispensés sont variés et peuvent concerner des domaines très spécifiques, voici quelques exemples à venir sur la plateforme :

Un modèle singulier qui doit se diversifier

FUN se démarque des autres modèles économiques car c’est avant tout une plateforme financée par des fonds publics. Un budget gouvernemental a été consacré lors de son lancement et le financement est partagé aujourd’hui avec les adhérents de la plateforme.

Mais ce modèle basé sur la gratuité des contenus, non générateur de valeur, et sans source de financement autre que les fonds publics ou les adhérents ne pourra pas être viable dans la durée et ne permettra pas à FUN de devenir un modèle concurrentiel.

Plusieurs initiatives en vue de diversifier son modèle et trouver d’autres sources de revenus ont été lancées comme la monétisation des cours en ligne via la mise en place de certifications payantes. En avril 2016, FUN a déployé un système de certification en ligne créant les conditions d’un examen surveillé à distance.

Un des enjeux majeurs pour la plateforme est de développer  l‘offre de formation continue à destination des entreprises (FUN Corporate). Adresser ce nouveau marché nécessitera une adaptation de l’offre de MOOC en proposant des cours plus personnalisés, certifiants ou diplômants. FUN pourrait devenir le catalyseur de la montée en puissance de l’activité de formation professionnelle et continue des universités et des établissements publics d’enseignement supérieur.

La plateforme devra également innover et répondre aux évolutions en investissant de nouveaux modèles pédagogiques (adaptive learning, classes inversées etc…).

Enfin FUN ambitionne de lancer une plateforme européenne commune de MOOC. Peut être un moyen de contrer des géants américains ou britanniques…

Sources :

https://www.fun-MOOC.fr/

https://fr.wikipedia.org/wiki/France_universit%C3%A9_num%C3%A9rique

http://www.lemonde.fr/MOOCs-docs/article/2015/12/03/MOOC-la-france-a-rattrape-son-retard_4823430_4468700.html

https://magic.piktochart.com/output/17232768-boom-des-MOOC

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