La M-santé en France en 2016

Qu’est-ce que la M-Santé ?Avant de définir la M-santé ou santé mobile, il faut la replacer dans le contexte plus large de la E-santé.definition-e-santé-e1455565684607

«La E-santé est l’usage combiné de l’internet et des technologies de l’information à des fins cliniques, éducationnelles et administratives, à la fois localement et à distance. »J. Mitchel (1999)

L’utilisation massive du mobile et de la tablette transposé au monde de la E-santé a donné naissance au concept de M-santé ou santé mobile. L’OMS l’a défini comme recouvrant « les pratiques médicales et de santé publique reposant sur des dispositifs mobiles tels que téléphones portables, systèmes de surveillance des patients, assistants numériques personnels et autres appareils sans fil ».

uploded_appli_mobile_sante-1433349094

En pratique, la M-santé regroupe un grand nombre de produits et services allant du lecteur de glycémie connecté (classé comme dispositif médical), aux applications sur les interactions médicamenteuses, en passant par les applications de fitness et de bien-être.

Les bénéfices attendus de la santé mobile

Les enjeux en matière de M-santé sont multiples et s’articulent autour des thèmes suivants:

  • L’amélioration de  la qualité des soins.
  • La réduction des  coûts de prise en charge.
  • L’intégration dans la dimension préventive des systèmes de santé.
  • L’amélioration de l’accès aux soins dans les pays en voie de développement  et les zones de désertification médicale.

Des prévisions financières optimistes

economie de santé

En 2013, l’étude prospective de PwC « Socio-economic impact of m-health » annonçait que le déploiement de la M-Santé permettrait à l’UE d’économiser 99 Milliards d’Euros d’ici 2017. Ces résultats prospectifs étaient conditionnés par « l’intégration rapide de la M-santé dans la stratégie de santé publique de l’Union européenne ».

A la veille de 2017, le bilan sera sans doute légèrement en deçà des espérances. Depuis 2103, la M-santé a rencontré des freins culturels, réglementaires et parfois technologiques ralentissant son adoption et son déploiement optimal.

Une offre pléthorique à croissance rapide

Les applications mobiles de santé comprenant au sens large les applications de « bien-être » et celle à vocation médicale ont connues depuis leur apparition sur le marché en 2008 une croissance exponentielle.

Le volume mondial des Apps de M-Santé est passé de 6 000 en 2010, à 100,000 en 2013 puis environ 165,000 en Juillet 2015 .

MarchémondialeMsanté

Les applications de M-santé: publics & usages

La répartition des cibles d’utilisateurs

La répartition Européenne est de  70% d’applications « grand public » pour 30 % à destination des professionnels de santé.

repartitionFITNESS PRO

L’usage de la M-santé par les médecins

L’utilisation du Smartphone s’est inscrite très rapidement au centre de la pratique quotidienne des médecins. En effet selon l’étude du Lab e-santé, plus de 65% des professionnels de santé déclarent utiliser des applications à des fins professionnels. Cependant ils ne sont que 24% à déclarer que les applications de M-Santé sont devenues « tout à fait incontournables ».

Les applications utilisées par les médecins dans leur pratique

Les médecins déclarent de plus en plus utiliser des applications médicales sur leur smartphone: 61% en 2014 vs 53% en 2012.

essaiAppli médecins

Les Apps professionnelles utilisées par les médecins

L’ensemble des catégories connait une baisse d’utilisation à l’ exception des «bases de données médicamenteuses» en progression depuis 2 ans.

Le Dr Jean-Philippe Rivière (vidal.fr) souligne que « ce tassement est comparable à celui constaté il y a une dizaine d’années avec l’internet santé : après une phase initiale de curiosité, le grand public, puis les médecins, ont recentré leurs usages réguliers sur les sites correspondant à leurs besoins quotidiens d’outils et d’informations ».

L’utilisation des applications dans la relation patient-médecin

Les professionnels de santé sont plus réservés quant au rôle des applications de M-santé à l’intention de leurs patients. Ils sont ainsi 42 % à s’alerter de « l’indépendance » qu’elles confèrent aux patients.

Cette crainte est fondée puisque 59 % des patients utilisateurs déclarent avoir déjà remplacé une consultation physique par un service procuré par la M-santé.

 

prescription application par médecin

Ainsi en 2016 en France, il n’y a que 20 % des médecins qui recommandent l’utilisation d’une application de santé mobile à leurs patients.

Deux grandes catégories d’Apps M-santé pour le grand public

Les catégories d'application M-santé Grand public

60%d’applications dédiées au Bien Être  Vs. 35% dédiées aux pathologies et traitements

Les patient diabétiques, ambassadeurs de la M-santé

« Les diabétiques font figure d’ambassadeur de la santé mobile.  Alors que près de 60% des personnes diabétiques  ont  une App de M-santé, elles ne sont que 15% lorsqu’elles sont touchées par une autre maladie chronique que le diabète » Catherine Cerisey, Vice-Présidente du Lab e-Santé

 

gabarit-articles-diabete-3

Des précautions à prendre quant à la valeur médicale de certaines Apps

Le manque de fiabilité des applications de M-santé peut être particulièrement délétère lorsqu’elles ont une visée diagnostique. Dès lors, elles rentrent normalement dans la classe des dispositifs médicaux et doivent par conséquent être validée cliniquement. Ce n’est pas toujours le cas.

En 2013, le département de dermatologie de l’université de Pittsburgh a testé quatre applications sensées aider au dépistage de mélanomes (cancer de la peau) via la fonction photo du téléphone. Il s’est avéré que trois d’entre elles classaient des images de mélanomes comme « non à risque », et ce, dans 30 % des cas ou plus.

appli mélanome

Vers un label de qualité institutionnel certifiant les applications de M-santé

La qualité hétérogène, le choix pléthorique et l’incertitude quant à la sécurité des données collectées rendent indispensable une  «labellisation » des applications. Une proposition de certification devrait arriver en France courant 2017 sur la base d’un Référentiel de bonnes pratiques sur les applications en santé publié par la Haute Autorité de Santé (HAS) en novembre 2016.

A l’initiative d’un collectif de médecin, DMD Santé propose une évaluation des applications mobiles, en associant patients et professionnels de santé. Ils ont lancé le premier label européen privé de validation de la qualité des applications de M-santé, le mHealth Quality (MHQ). Les applications labellisées sont disponibles sur l’application Mhealth Go.

MhealthLOGODMD

Nous fermerons  cet état des lieux  sur les propos de Catherine Cerisey, VicePrésidente du Lab eSanté , définissant parfaitement la voie à prendre par la M-santé:

“Cette confiance des malades chroniques utilisateurs d’Apps de M-santé est un point crucial. Il est nécessaire de la renforcer en développant des Apps toujours plus adaptées aux attentes des patients et en totale adéquation avec les pratiques médicales et l’Evidence Based Medicine. La confiance se créée difficilement et se perd vite. La gadgétisation en santé mobile et connectée est un risque majeur pour le développement de celle-ci mais aussi et avant tout pour la santé des utilisateurs”.

 

POUR ALLER PLUS LOIN

Pour aller plus loin sur la M-santé et les objets connectés associés, voici un panorama réalisé par Fabrice Vezin, rédacteur du blog  » le monde de la E-santé:

REFERENCES

Organisation mondiale de la santé, mHealth – New horizons for health through mobile technologies, Global Observatory for eHealth series – Volume 3

http://www.pwc.fr/socio-economic-impact-of-mhealth-an-assessment-report-for-the-european-union.html

IMS Health Study: Patient Adoption of mHealth. (Sep 2015)

European Consultation on MHealth (2014)

  Enquête en ligne réalisée du 17 mars au auprès de 2 035 professionnels de santé by IsiDore (Avril  2014).

4ème baromètre des usages numériques en santé, by Vidal & Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) (Nov. 15)

4ème baromètre des usages numériques en santé, by Vidal & Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) (Nov. 15)

Emerging mHealth : paths for growth » by  PwC (2012)

4ème baromètre des usages numériques en santé, by Vidal & Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) (Nov. 15)

Santé mobile et connectée : usages, attitudes et attentes des malades chroniques – Enquête Le Lab e-Santé – (Juin 2015)

4ème baromètre des usages numériques en santé, by Vidal & Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) (Nov. 15)

4ème baromètre des usages numériques en santé, by Vidal & (CNOM) (Nov. 15)

Wolf JA, Moreau JF, Akilov O, Patton T, English JC 3rd, Ho J, Ferris LK. Diagnostic inaccuracy of smartphone applications for melanoma detection. JAMA Dermatol. 2013 Apr;149(4):422-6.