Lorsque l’IA secoue le monde de l’art

On n’arrête plus l’Intelligence Artificielle. Après ses exploits dans les secteurs de la technologie, de la médecine, du jeu, pour ne citer que ceux-là, l’IA perce dans le domaine de l’art.

Livre de Donald Miller "Building a Story Brand"

Des générateurs d’images 

Les principales IA génératrices d’arts sont DALL-E 2, Midjourney et Stable Diffusion.

L’entrée pour l’utilisateur est une simple ligne de texte : à partir de n’importe quelle combinaison de mots ces IA créent des scènes entièrement nouvelles. Cela signifie qu’il est désormais possible de produire des images sans les réaliser avec de la peinture, des caméras ou des outils tels que les stylets…

Comme le montrent les images créées à partir de la phrase indiquée en dessous, chaque générateur d’images IA interprète les instructions et est doté de son propre style, ton et humeur. Ainsi, Dall-E 2 et Stable Diffusion génèrent des images beaucoup plus réalistes que Midjourney qui se distingue par un style plus artistique où règne une atmosphère sombre et onirique.

Pour en apprendre davantage sur l’IA dans le monde de l’Art, je vous invite à consulter ces trois articles du blog MBA DMB : Comment l’IA révolutionne l’Art et la création, Intelligence Artificielle et Art Numérique, DALL-E 2.0, le nouveau Picasso du futur ?.

Pour la première fois, une IA remporte un concours et secoue le monde de l’art

Le 26 août 2022, Joseph Allen présente au concours de Beaux-Arts du Colorado State Fair une œuvre réalisée à l’aide de l’IA Midjourney : le Théâtre d’Opéra Spatial. Ce décor fantasmagorique semble être à la croisée entre le Sacre de Napoléon peint par Jacques-Louis David (XIXe) de par ses lignes directrices et ses jeux de lumières et le film de science-fiction le Cinquième élément de Luc Besson (XXe) avec sa scène d’opéra.

Livre de Donald Miller "Building a Story Brand"

Le jury, subjugué, lui attribue le premier prix dans la catégorie peinture numérique. Ce choix marque un tournant dans l’histoire de la création artistique car c’est la première fois qu’une œuvre entièrement générée par une intelligence artificielle gagne un concours renommé des Beaux-Arts.

Cette victoire fait polémique. Elle pose la question de l’artiste et du droit d’auteur.

Qui bénéficie du droit d’auteur ?

De nombreuses personnes interviennent dans le processus de création d’une œuvre IA : celui qui propose la combinaison de mots sur laquelle se fonde l’œuvre, les développeurs informatiques, le producteur du logiciel comme Midjourney. De plus, l’IA s’appuie sur des images existantes qu’elle sélectionne en parcourant le web et en analysant des milliers d’illustrations en lien avec la combinaison de mots qui lui a été soumise.

Qui est alors l’auteur de l’œuvre ? Qui bénéficie de la propriété intellectuelle ? 

Livre de Donald Miller "Building a Story Brand"

Selon la jurisprudence harmonisée de la CJUE (Cour de justice de l’Union européenne), il y aurait « création intellectuelle propre à son auteur lorsque son auteur a pu exprimer son esprit créateur de manière originale », « lorsque la création reflète la personnalité de son auteur ». Il est généralement interprété qu’une intervention humaine est indispensable pour qu’une œuvre puisse être protégée par le droit d’auteur.

Cependant certains pays comme le Royaume-Uni attribuent la paternité de l’œuvre au programmeur. La législation sur le droit d’auteur du Royaume-Uni stipule que « dans le cas d’une œuvre littéraire, dramatique, musicale ou artistique créée au moyen d’un ordinateur, la personne ayant pris les dispositions nécessaires pour créer ladite œuvre sera réputée en être l’auteur ».

Selon le chercheur Andres Guadamuz d’autres questions sont à soulever, « Est-ce que l’IA rend les artistes moins « auteur.rice.s » de leurs créations ou bien parle-t-on d’une collaboration vertueuse comme avec n’importe quel outil de travail ? […] Le prochain grand débat portera sur la question de savoir si les ordinateurs peuvent bénéficier du même statut et des mêmes droits que les personnes.». Au vu des avancées technologiques en IA, cette question mènera rapidement aux débats sur « la personnalité de l’Intelligence artificielle ».

 

Le progrès continu des IA génératrices d’arts et l’accroissement de leurs utilisations rendent de plus en plus indistincte la frontière entre les œuvres réalisées par des personnes ou par des algorithmes. Ces avancées vont plus vite que le droit, l’histoire est à écrire !

Irène Souroque