La nouvelle « bot » secrète des médias

Face au succès grandissant des « chatbots », fruits des derniers travaux en matière d’intelligence artificielle, les médias se sont lancés un défi : celui des « newsbots » .

Dans votre téléphone, des centaines de contacts, où famille, amis, et relations professionnelles se côtoient, et pourquoi pas bientôt 20minutes ou Libé ?

Comme aujourd’hui vous envoyez un SMS à votre sœur ou à votre copain, vous pourrez demander au Monde où en sont les investigations sur l’attentat du Marché de Noël de Berlin ou sur l’enlèvement d’une française au Mali ?

Bienvenue dans l’ère  des « chatbots » et plus particulièrement des « newsbots », des logiciels informatiques dédiés à l’actualité, qui informent les internautes à la demande de façon automatique, sans intervention humaine. Les internautes pourront véritablement dialoguer sur leur mobile avec une marque média, comme ils discutent aujourd’hui avec leurs amis.

« Nous en sommes encore loin » selon Frédéric Filloux, éditeur de la Monday Note.  « L’assistant à commande vocale d’Apple, Siri, est idiot, il n’apprend presque rien de ses erreurs et ne semble pas accumuler la moindre connaissance.»

« Il existe deux sortes de bots : des bots transactionnels, comme Siri, qui en fonction de la façon dont il est paramétré répond aux questions qu’on lui pose, et des bots conversationnels, qui sont capables de comprendre ce que vous voulez selon le contexte et des éléments de profil, qui s’expriment par exemple par vos tweets, vos achats sur Amazon ou vos recherches sur Google», explique Frédéric Filloux.

« Pour se développer dans le domaine de l’information, cela nécessitera un accord tripartite entre les médias, ceux qui détiennent les données de profil comme Facebook, Amazon ou Google, et enfin les lecteurs. L’enjeu est réel : les médias de qualité vont avoir de plus en plus la volonté de fidéliser leurs audiences en développant des services, et le plus puissant d’entre eux est la personnalisation extrême de l’information », ajoute l’éditeur de la Monday Note.

Pour l’heure, les médias font leurs premiers pas dans l’information conversationnelle en développant leur présence sur les messageries instantanées, de Whats App à We Chat, en passant par Telegram et demain Facebook Messenger.

Par exemple le célèbre magazine Forbes a créé un « newsbot » pour la messagerie Telegram, qui permet notamment aux mobinautes de recevoir, sur un modèle proche du SMS, les grandes actualités qui les intéressent et même de poser des questions simples, comme « qui est Travis Kalanick ? » (fondateur d’Uber). « Nous espérons que notre outil sur Telegram va nous aider à toucher une nouvelle audience », indique Bruce Upbin, l’un des rédacteurs en chef du magazine économique.

Cependant, Nicolas Becquet, journaliste et responsable des supports numériques du quotidien L’Echo tient à mettre en garde les médias sur ce nouveau genre d’information : « Les messageries instantanées sont les derniers endroits sur internet où les internautes sont encore protégés des sollicitations extérieures, où ils peuvent encore faire leurs propres choix, que ce soit en termes de contacts, de types d’interaction et de timing. Il faut faire attention à ne pas jouer aux apprentis sorciers ».

 

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