En Corée du Sud, les influenceuses virtuelles remplacent progressivement les vrais animateurs humains et d’autres emplois du monde réel. Le secteur de la vente au détail utilise de plus en plus des humains virtuels comme étant des influenceurs pour le marketing dans le but de promouvoir leurs produits et leur marque.
Avec une taille de marché de 4,6 milliards de dollars et qui devrait croître de 26% d’ici 2025, les influenceurs virtuels représentent un grand potentiel pour les marques, selon l’agence de marketing français Territory Influence.
● Les 2 influenceuses virtuelles les plus populaires
1. Lucy
Créée en 2021, Lucy est une influenceuse virtuelle de Lotte Home Shopping, une marque de télé-achat. Elle compte plus de 130 000 abonnés Instagram avec un logiciel habituellement utilisé pour les jeux vidéo.
En tant que modèle de la société, elle a animé un live shopping où elle a interagi avec des clients, faisant des suggestions de style en temps réel. Sa première émission de commerce en direct a été diffusée sur la chaîne Youtube de Lotte.
La société engage des hôtes humains pour faire la publicité des produits à la télévision. Mais ils « coûtent assez cher » et « il y a des changements avec l’âge », a déclaré l’entreprise. Alors, la solution pour elle est Lucy, qui aura « toujours 29 ans ». « Lucy ne présente pas de fatigue physique liée au temps ou à l’espace », selon eux. « Elle peut apparaître n’importe où. Et il n’y a pas de problèmes moraux. »
Lotte Home Shopping a réussi à rendre Lucy réaliste grâce à sa technologie 3D Assets. Mais ses compétences en communication bidirectionnelle ne sont pas encore assez sophistiquées. L’entreprise a alors utilisé la technologie deepfake pour une communication fluide avec son audience.
« Nous développons actuellement une technologie basée sur l’IA qui permet une communication bidirectionnelle plus fluide que celle actuellement utilisée », a déclaré un responsable de la chaîne d’achat.
L’émission commerciale n’est pas le premier projet que Lucy a réalisé. Elle a déjà été nommée comme organisatrice d’événement dans un salon d’automobile pour la marque de voiture SsangYong.
2. Rozy
Rozy compte plus de 154 000 abonnés sur Instagram, où elle publie des photos de ses aventures de globe-trotter. Son maquillage est toujours impeccable, ses vêtements sortent tout droit des podiums. Rozy est la première influenceuse virtuelle sud-coréenne à l’âge de 23 ans.
« Es-tu une personne réelle? », « Es-tu un robot ou une IA? » demande l’un de ses fans sur Instagram. Selon Sidus Studio X, le développeur de Rozy, elle est un mélange des trois qui chevauche les mondes réel et virtuel. “Elle est capable de faire tout ce que les humains ne peuvent pas faire, sous la forme la plus humaine », déclare l’entreprise.
Depuis son lancement en 2020, Rozy a décroché des contrats de marque et des parrainages. Elle a également été invitée dans des défilés de mode virtuels et a même sorti deux chansons « Who Am I » et «To The Sea ».
En outre, elle communique constamment avec ses fans sur Instagram. Elle partage par exemple sa vie de voyage à Singapour, et interagit avec ses fans en répondant à leurs commentaires.
Lee Na-kyung, une fille de 23 ans vivant à Incheon, a commencé à suivre Rozy il y a environ deux ans. Rozy l’a suivie, commentant parfois ses messages, et une amitié virtuelle s’est épanouie. « Nous avons communiqué comme des amis et je me sentais à l’aise avec elle. Donc je ne la considère pas comme une IA mais comme une véritable amie », a déclaré Lee.
● La rentabilité des influenceuses virtuelles dans le commerce
Les médias sociaux ne permettent pas seulement aux influenceuses virtuelles de se constituer une base de fans. Elles sont également une possibilité de gains conséquents. L’Instagram de Rozy est par exemple parsemé de contenu sponsorisé où elle fait la publicité de produits de soins de la peau et de mode. « De nombreuses grandes entreprises coréennes veulent utiliser Rozy comme modèle », a dit Baik, PDG de Sidus Studio X.
Il a ajouté qu’à mesure que Rozy devenait plus populaire, la société décrochait davantage de parrainages de marques de luxe telles que Chanel et Hermès, ainsi que d’autres sociétés de médias. Ses publicités sont maintenant apparues à la télévision, et même dans des espaces hors ligne comme les panneaux sur les côtés des bus.
Les modèles sont très demandés car ils aident les marques à atteindre les jeunes consommateurs, selon les experts. Les clients de Rozy comprennent une compagnie d’assurance-vie et une banque – des entreprises généralement considérées comme démodées. « Mais ils disent que leur image est devenue très jeune après avoir travaillé avec Rozy », a déclaré Baik.
Cela permet également d’économiser, par rapport à leurs homologues réels nécessitant d’attention et de soins. De plus, il faut à Lotte et Sidus Studio X consacrer seulement quelques heures et quelques jours pour créer une image de leurs stars. Et puis, de deux jours à quelques semaines pour une publicité vidéo. C’est beaucoup moins de temps et de travail qu’il n’en faut pour produire une publicité mettant en vedette de vrais humains. En fin, le plus important: les influenceurs virtuels ne vieillissent jamais, ne se fatiguent pas et ne suscitent pas la controverse.
Si vous souhaitez connaître une autre influenceuse sud-coréenne, je vous invite à lire mon article précédent de ce sujet.
Han Yu-a, l’artiste virtuelle sud-coréenne plus humaine que les humains