Au printemps 2020, il est estimé que 557 millions de personnes dans le Monde , ont travaillé à distance, chez eux. Entre 2019 et 2020, en France, le nombre de télétravailleurs est passé de 22% à 47%, en l’espace d’un an. En juin 2021, 18% des salariés français travaillaient chez eux. A la vue de ces chiffres, il semble pertinent de se poser la question suivante : le télétravail est-il une organisation efficace ?
En 2011, des chercheurs de l’université de Stanford ont mené une étude pendant 9 mois sur un centre d’appel à Shangaï afin de répondre à cette question. Le principe est simple. La moitié des salariés est envoyée en télétravail (131 personnes) 4 jours par semaine et le reste des employés restent au bureau. Leurs temps de travail et leur nombre d’appels sont enregistrés. Le résultat de cette étude montre que la productivité chez les personnes en télétravail a augmenté de 13%. Ils ont passé plus de temps à travailler et à passer des appels que les employés travaillant en présentiel.
Les raisons de cette hausse de productivité :
Le temps passé en dehors des transports est l’une des premières causes qui explique cette hausse. Par exemple, en 2019, le temps de trajet moyen des Français habitant en Île-de-France pour se rendre sur leur lieu de travail ou d’études était de 44 minutes. Si l’on rapporte ce chiffre à une journée complète, cela représente 1h28 passé chaque jour dans les transports, soit 7h20 par semaine.
La deuxième cause qui explique cette hausse est la baisse des arrêts maladie. En effet, les employés malades travaillent directement chez eux alors qu’habituellement ils ne se seraient pas rendus au bureau pour travailler. En 2019, en France, près d’un salarié sur deux (44 %) s’est vu prescrire au moins un arrêt maladie au cours des 12 derniers mois.
Cette hausse s’explique aussi par un environnement de travail plus calme. L’environnement de travail a un impact direct sur la productivité. En améliorant cet environnement, le bien-être et la motivation d’une personne se verra aussi impacter. En France, en 2021 selon le sondage Ugitc Cgt, Dare, Dress, 98% des personnes en télétravail souhaitaient le rester à raison de deux à trois jours par semaine. Par ailleurs, travailler chez soi permet de limiter les trajets entre le domicile et le bureau. Selon l’ADEME, prendre un jour de télétravail ferait économiser 187 kilogrammes équivalent CO2 par an. Le télétravail aurait donc aussi un meilleur impact environnemental.
Le télétravail bénéfique mais pas pour tout le monde :
Bien que le télétravail permette une meilleure productivité et moins de pollution, celui-ci comporte aussi des inégalités. Tout d’abord, le télétravail comporte une inégalité d’accessibilité. Les travailleurs qui ont des revenus et un niveau d’éducation plus élevé, peuvent beaucoup plus télétravailler que les personnes qui ont des revenus et niveau d’éducation plus bas. Selon l’Insee, en France, pendant le premier confinement80 % des cadres et professions intellectuelles supérieures ont pu télétravailler contre 35% des employés et 7% des ouvriers.
Le télétravail comporte aussi des inégalités insoupçonnées. Lors de l’étude effectuée à Shangaï en 2011, sur le centre d’appel, il a été constaté que les personnes en télétravail ont reçu 50% de promotion en moins que leurs collègues restés au bureau. Cela s’explique par le fait qu’en télétravail les performances réalisées par les employés sont moins remarquées par leur supérieur hiérarchique.
Le télétravail, source de souffrance
D’après le sondage Ugitc Cgt, Dare, Dress, en France en 2021, 26% des sondés se disaient plus anxieux et dépressif en télétravail qu’au bureau. 46,5 % des télétravailleurs ont aussi stipulé que la charge et le temps de travail ont augmenté. Ces augmentations peuvent mener à ce qu’on appelle un « Burn Out », c’est-à-dire un syndrome d’épuisement physique et mental lié à un excès de travail, de stress et de manque de considération. En France, le nombre de Burn Out a explosé entre 2020 et 2021 pour atteindre le chiffre record de 2 millions de personnes concernées. C’est deux fois plus qu’en 2020.
Cette tendance peut aussi s’expliquer par les nombreux désavantages du télétravail :
- L’isolement
- Diminution des échanges avec les collègues
- Baisse du sentiment d’appartenance à une entreprise
- Devenir sédentaire
- Être surconnecté
- Augmentation des troubles musculosquelettiques
- Les frontières vie professionnelle-vie personnelle toujours plus floues
- La prise en charge des équipements et des frais de télétravail par l’employeur reste minoritaire et limitée à l’ordinateur portable
L’expansion du télétravail relance donc le débat du bien-être au travail et de la santé mentale des employés. Il est encore trop tôt pour s’exprimer sur la réelle efficacité du télétravail mais il est sûr que cette tendance continuera dans les années à venir.
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Pour en savoir plus :
- https://ugictcgt.fr/wp-content/uploads/sites/19/2021/09/DOSSIER-TE%CC%81LE%CC%81TRAVAIL-UGICT-CGT-6-sept-2021-ok.pdf
- https://nbloom.people.stanford.edu/sites/g/files/sbiybj4746/f/wfh.pdf
- https://librairie.ademe.fr/mobilite-et-transport/3776-caracterisation-des-effets-rebond-induits-par-le-teletravail.html
- https://fr.statista.com/statistiques/1024681/temps-trajet-travail-etude-region-france/
- https://www.lesechos.fr/economie-france/social/arrets-de-travail-un-salarie-sur-deux-concerne-au-cours-des-12-derniers-mois-1151439
- https://www.cadreaverti-saintsernin.fr/actualites/taux-burnout-preoccupant-126.html