Quand les tissus et design numériques relookent la mode du futur

Quand les tissus et design numériques relookent la mode du futur

Livre de Donald Miller "Building a Story Brand"

Face à l’évolution du digital et à l’expansion insatiable de la fast fashion, la mode s’adapte et hybride ses solutions pour laisser place à la mode virtuelle. Aujourd’hui, la deuxième industrie la plus polluante au monde se transforme au fil de nos usages numériques et de nos prises de conscience environnementale en investissant de plus en plus le cyberespace. Cette mode 2.0 se réinvente plus que jamais pour laisser place à une industrie plus durable et à la créativité sans limites à un moment où les motivations d’achat évoluent.

Aujourd’hui, les maisons de luxe adoptent le numérique afin d’étendre leur économie. En ces temps de pandémie, les marques se sont essayées à de nouvelles technologies et rivalisent d’ingéniosité pour proposer des alternatives à leurs défilés. S’éloignant des événements physiques et des défilés, la présentation des collections de mode s’est tournée vers le digital, prenant la forme de jeux vidéo et se glissant dans les réseaux sociaux.

En décembre 2020, la maison Balenciaga a présenté sa collection Automne/Hiver 2021 sous forme de jeux vidéo sur -mesure « Afterworld ». Au cours des derniers mois, Les Sims sont également devenus un nouveau terrain de jeux pour les marques de mode comme Gucci ou Mugler. Sans oublier les influenceurs fictifs de mode tels que Lil Miquela (3M d’abonnés sur Instagram) qui ont secoué les derniers looks des défilés avec une dimension totalement différente de l’industrie du textile et de la cyber-mode. Le numérique permet indéniablement à la mode de revenir à l’essence de ce qu’elle a toujours été destinée à être : une manière passionnante et ludique d’explorer et d’exprimer son identité et son individualité.

Livre de Donald Miller "Building a Story Brand"

En parallèle, des marques de mode virtuelle, dont les pièces n’existent qu’au format numérique, voient le jour en proposant des pièces fabriquées de pixels plutôt que de tissu. Une mode virtuelle permettant à chaque personne de porter des vêtements inexistants dans la vie physique. Depuis sa création en 2018 par l’entrepreneur finlandais Kerry Murphy, spécialisé dans les effets visuels en publicité, et la styliste numérique néerlandaise Amber Jae Slooten, The Fabricant évolue à la croisée de la couture et des nouvelles technologies en explorant les infinies possibilités de la mode virtuelle.

Fortement boosté par la pandémie, The Fabricant s’impose comme le studio de création pionnier dans le domaine en pleine expansion de la conception de vêtements photoréalistes. Showroom et catalogues entièrement digitaux pour Under Armour, campagnes publicitaires spectaculaires pour Puma, ou transition digitale pour Tommy Hilfiger… C’est en 2019 que la robe virtuelle « Iridescence » signée The Fabricant voit le jour. Vendue aux enchères en mai 2019 pour la somme de 9 500 $, cette pièce a fait la une dans le monde entier en tant que première pièce haute couture digitale apparue sur la blockchain. Après sa vente, la tenue conçue sera montée sur la photo haute résolution de son propriétaire avant d’être publiée sur les réseaux pour qu’elle fasse partie sa vie. « Dans un environnement qui rend l’impossible possible, qui ne gaspille que des données et n’exploite que l’imagination, l’idée même de la matérialité semble dépassée » exprime la Digitale Fashion House sur un post Instagram.

The Fabricant vit à l’intersection de la mode et de la technologie, avec pour ambition de montrer au monde que les vêtements n’ont pas besoin d’être physiques pour exister. Ce qui était autrefois physiquement impossible devient désormais possible dans le terrain créatif, vaste et inexploité de la couture numérique. Même s’il semble aujourd’hui utopique de se passer complétement de vêtements, la mode 2.0 entend bien incarner un changement de nos habitudes. Dans un monde où la plupart de nos interactions sociales se font par le biais du numérique, pourquoi aurions-nous besoin d’éléments physiques pour nous exprimer ? Le screenwear devient plus que jamais le nouveau streetwear.