La digitalisation et le développement de produit mode

La digitalisation et le développement de produit mode

Entretien avec Lise Frinzi (Altesse)

L’apparition des nouvelles technologies ont eu un impact direct sur les entreprises. Elles ont dû adapter chaque étape de leur chaîne de valeur, pour faire face aux nouveaux enjeux du digital. Entre 2005 et 2025, le chiffre d’affaires du e-commerce en France, a été estimé à passer de 8.4 milliards d’euros, à plus de 129 milliards d’euros (Statista.com).

La digitalisation a poussé les entreprises et les différents métiers à évoluer pour répondre aux nouveaux besoins des consommateurs. Ce fut notamment le cas du développement de produit. Les chef.fes de produit ont dû prendre en compte ces évolutions pour mettre en place des stratégies en adéquation avec les nouvelles habitudes de consommation des clients. Cela passe tout d’abord par la conceptualisation d’un produit pouvant être vendu sur Internet, en se posant la question de comment donner envie aux consommateurs d’acheter notre produit sans qu’il ou elle ne l’ait entre les mains. Cette stratégie utilise les outils marketing classiques, ainsi que les nouveaux outils du marketing digital.

Chez Altesse, 70 % des ventes internet passe par le mobile. C’est tellement développé que ça fait partie de notre façon de consommer. On est obligés de s’adapter statistiquement, on est obligés de développer comme ça.

Lise Frinzi, Altesse

Peux-tu te présenter ?

Je suis Directrice marketing produit et adjointe marketing chez Altesse. Je m’occupe de toute la chaîne de valeur, de la création à la mise sur le marché d’un produit. Ça commence par la conceptualisation d’un produit qui se veut le plus commercial possible, à un prix le plus raisonnable possible, pour le développer, le produire, le commercialiser et en faire un lancement marketing. Et sur la fin de vie du produit, comment pour l’arrêter, pourquoi on l’épuise et comment on le destock, s’il reste du stock.

Quel a été ton parcours ?

J’ai fait une école de commerce, l’EDHEC. J’ai démarré mon premier stage de césure en grande distribution chez Reckitt. J’aimais le côté plus mass-market, mais je ne trouvais pas ça assez en lien avec le produit. Après, chez Hermès en développement produit maroquinerie, c’était super au niveau du produit, mais j’aimais moins le côté inaccessible, de ne pas pouvoir répondre à une demande marché. Ensuite, j’ai fait ma spécialité Marketing, et j’ai fait un stage de fin d’étude chez Reminiscence sur du bijou et parfum, chez qui j’ai été recrutée sur du bijou. C’est là que j’ai vraiment découvert l’univers du bijou et comment réussir à faire du beau accessible. C’était à la fois ma vision de chez Reckitt et ma vision de chez Hermès, que j’ai réussi à mettre en lien dans un métier et dans un secteur. Je suis arrivée chez Altesse où j’ai commencé en licence sur Kenzo et Nina Ricci. C’est-à-dire qu’on conçoit avec la marque. On est à la fois fabricant et distributeur. On fabriquait les produits et on les commercialisait auprès du marché bijoutier, ou dans nos propres points de vente, puis on reversait des royalties. Ça a été très challengeant car le côté commercial est un peu plus complexe. Après, j’ai démarré et grandis sur les Georgettes by Altesse et sur toutes les autres marques de la maison.

Qu’est-ce que tu préfères dans ton métier ?

Le challenge ! Chez Les Georgettes, c’est le made in France. Comment réussir à sortir un produit à moindre coût en fabrication française et de le rendre accessible. C’est chouette de voir des filles dans le métro et dans la rue avec des Georgettes, de voir que ton produit est porté. C’est assez gratifiant et c’est ça qui me plaisait, de se dire aussi «comment d’un produit avec une vraie valeur française, je peux le rendre accessible à toutes les femmes ». C’est toujours ce qui me plaît aujourd’hui.

Livre de Donald Miller "Building a Story Brand"

Comment penses-tu que la digitalisation a impacté le développement de produit ?

Chez Altesse, 70 % de nos ventes internet passe par le mobile. On est sans arrêt branchés à nos téléphones. C’est tellement développé que ça fait partie de notre façon de consommer. On est obligés de s’adapter, c’est une évidence de se dire que si un certain pourcentage consomme comme ça, statistiquement, on est obligés de développer comme ça.

Au niveau du produit, ça impacte principalement le côté détail. C’est vrai qu’avec le digital, on peut mettre la moindre information. En point de vente physique, tout repose sur les épaules du vendeur ou de la vendeuse, alors que là, tout repose sur le fait de faire une fiche produit détaillée et marketing. Et ça peut aussi être une vraie valeur pour une marque. Comment on va faire en sorte que n’importe quel détail soit une valeur ajoutée pour pouvoir le mettre encore plus en valeur. Ca passe par le packshot produit, la description produit. C’est quelque chose qui n’était pas forcément au Produit, mais aujourd’hui on le réintègre. Qui de mieux qu’un chef de produit pour parler du produit, à part éventuellement un designer. Autant, on ne va pas le faire pour du physique, mais on va le faire pour le digital, donc c’est quelque chose qui reste assez impactant sur le produit.

Avantages de la digitalisation :

Avec la digitalisation, ce qui est assez chouette dans cette idée de mass-market et de rendre le produit accessible à n’importe quelle femme, c’est que le produit est accessible partout. Tu as des endroits avec des zones de chalandise très faible. Aujourd’hui, pour implanter un point de vente, on regarde la zone de chalandise pour voir si c’est vraiment intéressant ou pas d’y être et si cette zone est vraiment très faible, tu ne vas pas forcément t’implanter, alors qu’avec le digital, n’importe qui sur le territoire national, européen, et même international peut avoir accès au produit. Et c’est ça qui est assez formidable, rendre ce produit accessible, aussi bien en termes de tarif qu’en terme de localisation.

L’autre avantage, c’est la mise en valeur, tu peux vendre ton produit d’une façon différente. En revanche, tu es en concurrence avec les autres sites internet donc tu dois vraiment te démarquer. C’est vraiment un outil marketing. Sois tu arrives à en faire une force, soit tu pâtis des marques plus fortes que toi. Chez Altesse, ce n’est pas tout à fait vrai, car dans les grands magasins, tu es en concurrence directe avec les autres marques de bijoux. Donc c’est un inconvénient du digital, que nous avons aussi en physique.

Inconvénients de la digitalisation :

Un des inconvénients, c’est la volatilité des consommateurs. Autant ça peut être un avantage car il peut consommer partout à n’importe quelle heure, mais l’inconvénient, c’est qu’il peut commencer un panier et l’abandonner. On est sur un consommateur hyper volatile, il faut savoir capter son attention, et ça passe par, comment ta fiche produit est plus intéressante que celle de la concurrence, comment la photo va rendre ton produit plus sexy que celle de la concurrence. Ça passe par pleins de détails, qui peuvent être aussi bien des avantages que des inconvénients.

Et vous, que pensez-vous de l’impact de la digitalisation ? 🤓

 

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