La digitalisation de la photographie

Photo : Gaetan

La digitalisation de la photographie évolue d’année en année. Fut un temps la photographie était papier et sans une pellicule, aucune photo n’était possible. On se souvient encore de ces vacances où l’appareil photo jetable Kodak faisait partie de la liste des « Must Have » durant cette période. Entre 27 et 39… voilà le nombre de photos que pouvait réaliser les appareils jetables. L’époque où les photos se comptaient, où il fallait se contenter d’une seule prise, une seule pose, mais surtout patienter pour obtenir la photo est révolue !

C’est depuis les années 2000 que tout change, avec l’arrivée des appareils numériques, puis 10 ans plus tard, l’avènement des réseaux sociaux.  C’est tout particulièrement le réseau social Instagram qui marque l’arrivée de la photographie instantanée sur le web. La « photographie sociale » devient alors un phénomène puisqu’il touche le monde entier, d’autant que les individus acceptent au fur et à mesure de s’adapter à ces nouveaux comportements.

Pour les professionnels, la digitalisation de la photographie a offert un grand nombre de nouveaux métiers dans ce milieu : montages photos, retouches, publicités, mais surtout une ouverture plus large à la créativité… Il est également plus simple pour les photographes de se faire connaître, ce qui a permis à différents secteurs de gagner en notoriété comme, le domaine de l’art. Le digital a transformé l’usage de la photographie auprès du grand public mais aussi pour les professionnels du secteur.

La photographie a elle aussi dû s’adapter à cette évolution en créant de nouvelles formations propres à cette dernière. Guy-Mathieu DE MEY, fondateur de l’agence Voilà. Production nous explique son point de vue au sujet l’impact du digital sur la photographie.

Tout d’abord, en quelques mots pouvez-vous nous dire qui vous êtes afin de vous présenter à nos lecteurs ?

Guy-Mathieu DE MEY : Bonjour, je suis Guy-Mathieu De Mey, je travaille dans le domaine de l’image depuis 5 ans. J’ai commencé chez Décathlon où je m’occupais de l’image de marque pour Domyos et Newfeel. J’étais Image Leader, c’est-à-dire qu’on organisait les shootings photos en fonction des sorties des produits pour les vendre par la suite. Cela se faisait sur les catalogues, sur le web et à la TV. Aujourd’hui, j’ai récemment créé mon entreprise en fondant « VOILA. Production » en tant qu’indépendant. Je suis photographe / vidéaste et j’apporte des conseils en communication.

Avez-vous ressenti l’impact de la digitalisation sur la photographie ? Dans un premier temps, la transition entre appareil jetable et numérique puis avec l’arrivée des réseaux sociaux ?

Guy-Mathieu DE MEY  :  En ce qui concerne la transition entre appareil jetable et numérique, pas vraiment car j’étais encore trop jeune pour comprendre et je ne m’intéressais pas encore à la photographie. Cette digitalisation a bouleversé considérablement le monde de la photographie, des métiers ont disparu et d’autres se sont créés, c’est toute une génération et une industrie qui ont dû se remettre en cause. L’humain a dû s’adapter à cette nouvelle technologie mais également les laboratoires de développement et les constructeurs d’appareil photo. Le groupe Kodak est un très bon exemple.

Votre manière d’aborder la photographie au fur et à mesure des années a-t-elle changée ?

Guy-Mathieu DE MEY  :  Alors oui, parce qu’au début j’étais plus axé sur de la photo dite « de vacances », et maintenant je fais de la photo professionnelle depuis 5 ans. Je suis même revenu à la photographie argentique pour mieux comprendre la photographie numérique parce que les bases de l’argentique c’est tout ce qui est le fonctionnement en mode manuel et aussi comprendre à quoi servent certains réglages ainsi que les pellicules, les ISO…les bases de la photographie. Après ma vision de la photographie a également changé avec l’arrivée d’Instagram. Il y a donc eu beaucoup plus de photos en instantanées, et il a fallu s’adapter aux utilisateurs très exigeants formatés aux codes propres d’Instagram. Ces utilisateurs peuvent eux-mêmes devenir photographes avec la qualité photo des nouveaux smartphones.

Photo : Guy-Mathieu De Mey

Aujourd’hui, vous êtes producteur, vous préparez les shootings, vous créez du contenu photo et vidéo, stories et publications Instagram/Facebook également. Souhaitiez-vous dès le début exercer dans tous ces domaines ou aujourd’hui est-ce devenu une obligation en raison de cette digitalisation ?

Guy-Mathieu DE MEY  : Oui c’est devenu obligatoire puisque même quand j’ai fait mon master en marketing et communication (à ISEG Marketing & Communication School ) il y avait une option digitale pour le master, l’école s’était déjà adaptée à l’arrivée du digital et son futur. C’est à ce moment que je me suis dit autant me servir de mon autodidaxie pour la photo et l’amener par la suite sur le côté digital, puisqu’aujourd’hui il y a une demande qui est de plus en plus exigeante sur l’accès du digital et de la création, mais aussi sur l’adaptation des marques et des entreprises sur les réseaux sociaux.

Est-il possible aujourd’hui d’être simplement photographe selon vous ?

Guy-Mathieu DE MEY  :  Oui c’est possible, mais alors pour en vivre il va falloir un certain temps car, maintenant, avec les réseaux sociaux ce n’est pas plus facile, mais c’est accessible à tous les photographes. Si l’on veut être simplement photographe, il faudra travailler énormément. Il y a 20 ans, les photographes devaient faire des pieds et des mains pour gagner en notoriété. Ils passaient soit par un agent, soit en publiant une annonce dans les journaux locaux, alors que maintenant nous avons accès à différentes plateformes, et pas seulement Instagram ! Il y a par exemple Flicker qui est une plateforme qui permet aux photographes de se développer et de se mettre en avant ou, par exemple, pour trouver des modèles facilement, s’ils veulent des modèles photos.

Ressentez-vous des aspects négatifs concernant l’impact du digital sur la photographie ?

Guy-Mathieu DE MEY  :  L’un des aspects négatifs, par exemple pour une marque, est que cette dernière va produire une certaine quantité de photos pour les produits en pack shot, (ce sont les photos sur fond blanc), il y en a plus qu’avant parce que sur le web on peut en mettre beaucoup plus que sur un magazine, donc il y a une production qui est énorme là-dessus et il y a aussi des délais très courts. C’est-à-dire que maintenant les gens veulent la photo tout de suite, en instantané… donc il y a une rapidité qui est exigée car si on n’est pas là au bon moment, au bon endroit c’est toujours un peu plus compliqué. Avant, il y avait les pellicules donc on avait « plus de temps » mais maintenant ça accélère le travail et le photographe est obligé de s’adapter à la rapidité du digital et du web.

Haude BOSSARD