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🎙 Interview // ExpĂ©rience client et web3ïżŒ

web3 interview experience client luxe

Échange avec Guillaume Lesouef 
E-Retail & Clienteling Manager France & Monaco chez Louis Vuitton

Dans le cadre de mes recherches pour ma thĂšse professionnelle, j’ai eu la chance d’échanger avec Guillaume Lesouef. Il m’a partagĂ© sa vision du futur de l’expĂ©rience client dans le luxe et les impacts que pourrait avoir le web3. Bonne lecture !

Pour toi qu’est-ce qu’une expĂ©rience client rĂ©ussie ?

Une expĂ©rience client rĂ©ussie, c’est notre capacitĂ© Ă  proposer une expĂ©rience quel que soit le canal de communication ou de vente, qui soit la plus fluide, omnicanale et complĂšte possible. Le canal est un faux sujet, l’expĂ©rience est un point client : proposer la meilleure des expĂ©riences possibles quel que soit le canal utilisĂ©. Nous sommes dans une vision d’ensemble, globale, de parcours d’achat qui peuvent se croiser, s’entrecroiser et d’expĂ©riences globales Ă  vivre de la marque en 360°. Elle doit ĂȘtre la plus homogĂšne et claire possible pour ĂȘtre la plus rĂ©ussie et aboutie.

 

Selon toi quels sont les enjeux et problĂ©matiques prioritaires en termes d’expĂ©rience client pour les marques de luxe ?

L’enjeu de demain et la difficultĂ© aujourd’hui est d’arriver Ă  faire la jonction et crĂ©er le lien entre la brique retail et la brique e-retail : comment proposer une expĂ©rience client la plus omnicanale possible ? DĂ©velopper l’omnicanalitĂ© ce n’est pas pour se faire plaisir, un client omnicanal par dĂ©finition dĂ©pense beaucoup plus, quel que soit le canal de vente, il est beaucoup plus engagĂ© Ă  l’enseigne. Tout l’enjeu aujourd’hui des marques de luxe est d’arriver Ă  rĂ©concilier les donnĂ©es entre le retail et le e-retail pour proposer une expĂ©rience la plus fluide et aboutie possible quel que soit le canal. L’objectif est d’arriver Ă  fonctionner en chaĂźne de valeur au sein des organisations et non plus en silos d’expertises.

 

Comment vois-tu l’expĂ©rience client de demain, une fois cette rĂ©conciliation retail et e-retail effective ?

Une fois ce travail de fond effectuĂ©, cela permettra de penser “client” et de dĂ©velopper des solutions qui seront vraiment adaptĂ©es Ă  un environnement omnicanal et mouvant. Cela permettra de mieux comprendre les parcours marchands de nos diffĂ©rents clients, pouvoir aller sur des points de rencontre sur lesquels ils sont dĂ©jĂ  pour leur faire vivre la marque sur des instants et des moments durant lesquels ils sont prĂ©sents. Aujourd’hui nous n’avons pas toute la vision et toute la connaissance de leur parcours, nous n’avons pas l’occasion et l’opportunitĂ© d’aller Ă  leur rencontre sur des moments bien prĂ©cis de leur parcours d’achat. L’idĂ©e est d’amener de la fluiditĂ©, d’amener de la surprise aussi, de continuer Ă  procurer de la dĂ©sirabilitĂ© pour la marque.

 

Quels sont les enjeux pour les marques de luxe de se positionner sur les sujets Web3 ?

Nous avons des enjeux de recrutement de nouveaux et futurs clients. Notamment l’univers du gaming et son cĂŽtĂ© trĂšs ludique touche une cible trĂšs jeune. Il permet Ă  ces cibles de rentrer dans la marque plus facilement et diffĂ©remment, via un mode plus intĂ©ractif et beaucoup plus ludique. Cela permet de nourrir plus facilement la dĂ©sirabilitĂ© de la marque en la faisant passer par des voies assez nouvelles et de pouvoir recruter et faire adhĂ©rer Ă  la marque trĂšs tĂŽt des cibles clients trĂšs jeunes. À partir du moment oĂč ils ont connu la marque et sont entrĂ©s dans son univers Ă  travers ces nouvelles technologies, c’est beaucoup plus facile ensuite de les fidĂ©liser. En termes de Life Time Value, plus on prend le client tĂŽt, plus on a l’opportunitĂ© de le dĂ©velopper longuement dans le temps et plus cela devient rentable.

Aussi, l’expĂ©rience client se doit Ă  un moment ou un autre d’ĂȘtre physique, d’ĂȘtre Ă©prouvĂ©e. Ces nouvelles technologies apportent quelque chose de diffĂ©rent, mais le luxe a besoin d’apporter des Ă©motions, des partages et de faire vivre des choses en proximitĂ© avec ses clients. La technologie permet de les faire vivre mais de maniĂšre assez dĂ©tachĂ©e et lointaine. MalgrĂ© tout, je pense qu’il y a un potentiel assez important avec ces technologies.

 

Louis Vuitton a lancĂ© le jeu Louis The Game : est-ce pour partir Ă  la conquĂȘte des jeunes gĂ©nĂ©rations ?

En effet, Louis The Game un univers ludique, futuriste, trĂšs idĂ©aliste, entre tradition et modernitĂ© : le cĂŽtĂ© tradition avec les 200 ans de Louis Vuitton et la modernitĂ© Ă  travers un jeu mettant en scĂšne la Vivienne, objet collector de la marque transformĂ© ici en une piĂšce ludique et iconique. C’est un univers fait d’une multitude d’aventures, avec une esprit « adventureland » et toute une scĂ©nographie et un parcours hyper ludiques. Pour le moment, les NFTs qui sont Ă  remporter Ă  l’issue du jeu seront plutĂŽt traitĂ©s comme un cadeau, un reward, une rĂ©compense qui correspond bien Ă  l’attitude et la maniĂšre de fonctionner de cette typologie de clients.

 

Comment penses-tu que le web3 va impacter l’expĂ©rience client et le rĂŽle du point de vente physique ?

Pour moi, le web3 n’impactera pas profondĂ©ment l’expĂ©rience en magasin. Le magasin a changĂ© de sens, il a Ă©voluĂ© dans le temps et le digital a trouvĂ© sa place. Le Covid-19 a accĂ©lĂ©rĂ© un certain nombre de choses, toutes ces expĂ©riences et Ă©volutions digitales ne font que renforcer la meilleure complĂ©mentaritĂ© entre le magasin physique, qui n’est plus un simple point de vente, et le digital. Les deux sujets vivent dĂ©sormais ensemble. Aussi, nous aurons toujours besoin de conseillers de vente pour apporter du sens, de l’émotion, un storytelling pour faire vivre une expĂ©rience aux clients. Les NFTs sont plutĂŽt un “accessoire” qui vient en complĂ©mentaritĂ© de l’expĂ©rience physique et Ă©prouvĂ©e.

 

Et que penses-tu de l’usage des NFTs comme digital twins ? Avez-vous des projets à ce sujet ?

Je pense que c’est plutĂŽt de cette maniĂšre que nous allons travailler les NFTs, avec une vision 360 et omnicanale. Le sujet est en cours de rĂ©flexion et de travail, notamment via la blockchain Aura qui permet de tracer l’ensemble des produits de toutes les marques du groupe LVMH. Les marques commencent Ă  travailler dans le dĂ©tail de ces sujets pour apporter une traçabilitĂ© complĂšte qui permet de rassurer le client, notamment pour des produits Ă  forte valeur ou faits de matiĂšres exotiques (origine des matiĂšres, fabrication, made in
).

 

Selon toi, quelles problématiques pourraient soulever le déploiement des technologies du web3 ?

L’enjeu est de donner du sens aux clients sur ce sujet en leur expliquant ce qui se cache derriĂšre ces technologies. Il faut rassurer le client sur la dĂ©matĂ©rialisation : ce que c’est et en quoi elle augmente l’expĂ©rience physique. Tout un travail de pĂ©dagogie doit ĂȘtre menĂ© afin de donner du sens.

 

Penses-tu que ces techno sont RSE compliant ?

Oui je pense que les technologies du web3 entrent parfaitement dans ces enjeux notamment de part la dĂ©matĂ©rialisation. Nous essayons d’en garder le meilleur tout en limitant les impacts nĂ©gatifs qu’il pourrait y avoir.

 

Concernant la réalité augmentée ou virtuelle, avez-vous des projets ?

Oui, des filtres sont dĂ©veloppĂ©s notamment pour le site web LV afin de permettre du virtual try-on sur les accessoires (chaussures, lunettes
). Des tests sont Ă©galement en cours dans les magasins physiques. Une des difficultĂ©s est de s’assurer que la technologie soit bien au service d’une expĂ©rience globale et ne soit pas un gadget. Trouver cet Ă©quilibre est extrĂȘmement important : il ne faut pas se tromper de combat. Il faut s’assurer que la technologie soit mise au service d’un sens global et apporte une rĂ©ponse Ă  un vĂ©ritable pain point.

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