Sobriété numérique : pourquoi les entreprises doivent-elles s’engager aujourd’hui et de quelles façons ?
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Les entreprises constituent des foyers géants de consommation énergétique. Pour lutter contre le réchauffement climatique, certaines se sont déjà engagées à réduire leurs déchets, à proposer des solutions de mobilité responsable à leurs employés ou même à adapter leur chaîne de production pour proposer des produits plus respectueux de l’environnement. Aujourd’hui, un nouvel enjeu s’ajoute à leurs objectifs RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) : la sobriété numérique. Comment les entreprises peuvent-elles contribuer à une consommation plus sobre du numérique et quels avantages peuvent-elles en retirer ?
L’empreinte numérique d’un salarié
D’après l’ADEME, les bureaux français, soit 14 millions de français, consomment près de 55 000 GWh d’électricité, c’est-à-dire 3,8% des émissions totales de la France. Ces émissions proviennent du comportement individuel des salariés, encore trop peu conscients de l’impact de leurs activités numériques sur notre planète.
Seulement 27% des Français connaissent la notion d’écologie digitale.
La prise de conscience se fait petit à petit : nous commençons à savoir que les mails polluent mais cela ne suffit pas. En effet, très peu d’actions individuelles et collectives sont menées à ce jour pour changer la donne.
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Pourquoi intégrer la sobriété numérique dans sa stratégie ?
D’une telle approche découlent deux avantages majeurs : la réduction des dépenses et la réputation de l’entreprise auprès de ses collaborateurs et consommateurs.
Adopter une consommation du numérique plus propre signifie surveiller et optimiser sa consommation. Moins de consommation équivaut donc à moins de dépenses. Voici quelques exemples de bons élèves qui ont mis en place de nouvelles pratiques pour devenir plus sobres et qui ont noté une réelle diminution de leurs frais.
- ekWateur, fournisseur d’énergies renouvelables, a mis à l’arrêt ses environnements de test la nuit et le week-end depuis 2018 ce qui leur vaut aujourd’hui une économie de 4 800 heures/an de ressources énergétiques soit 200 jours économisés.
- Pôle Emploi a convaincu 40% de ses collaborateurs d’éteindre leurs ordinateurs les soirs et week-end ce qui a généré une économie de plus d’1,5M€ (Un ordinateur allumé 24h/24h peut coûter jusqu’à 100 euros d’électricité par an selon l’ADEME).
- Le groupe Solocal a mis en place une stratégie d’éco-conception de son site web pagesjaunes.fr. Celui lui a permis de réduire son impact environnemental de 720 tonnes équivalent CO2(1) -6 millions de km en voiture- et 18 000m3 d’eau -2 millions de packs d’eau- entre 2014 et 2015.
Pourquoi éco-concevoir son site web ? Car le poids des pages internet a été multiplié par 115 en 20 ans dû au progrès technologique ! Les sites web sont ainsi beaucoup plus énergivores aujourd’hui.
S’engager sur le créneau de la sobriété numérique c’est également enrichir et affirmer sa politique RSE auprès de ses collaborateurs. Ces derniers sont, dans un premier temps, les premiers à pouvoir agir à leur échelle pour faire avancer les choses. Tout l’enjeu consiste à leur proposer le bon discours pour les informer et les éveiller.
« Personne n’est capable de dire concrètement ce que représente 10g de CO2 dans son quotidien. Il faut donc donner des points de repère via des équivalences. Jusqu’à ce que les collaborateurs se disent “ah oui, quand même”. »
– Anthony Alfont, COO de l’ONG Digital for the Planet.
En plus d’être récent, ce sujet est encore flou et surtout technique. La compréhension est primordiale : il faut alors faire preuve de pédagogie auprès des collaborateurs pour leur permettre de prendre conscience de ce que représente leur consommation au quotidien par le biais d’images et d’équivalence. Les émissions de CO2 sont invisibles à nos yeux mais nous avons tous conscience que parcourir des milliers de kilomètres en voiture est mauvais pour la planète. Il faut trouver des parallèles.
Les salariés sont prêts à s’engager : 70% d’entre eux voudraient être plus impliqués dans la démarche RSE de leur entreprise. Plus que jamais consciente de l’urgence climatique, la nouvelle génération recherche des entreprises montrant une volonté de s’améliorer. Plus important encore, 62% des étudiants des grandes écoles sont prêts à refuser un poste dans une entreprise qui ne propose pas d’engagement social et environnemental. Les entreprises sont donc attendues au tournant par des collaborateurs et futurs employés prêts à agir et à leur tourner le dos si elles manquent à leur parole et à leur devoir.
Au-delà de cela, les consommateurs sont devenus très exigeants sur les engagements RSE des entreprises. En montrant leur détermination à améliorer leur consommation numérique, elles revalorisent ainsi leur image et fidélisent leur clientèle. Pour permettre au consommateur de porter un regard plus objectif sur ces engagements, Greenpeace a créé un site, ClickClean, pour noter les grands acteurs du numérique : Netflix a reçu une mauvaise note en raison de son approvisionnement en énergies fossiles (30 % de son énergie provient du charbon, 26 % du nucléaire et seulement 17 % d’énergies propres). Découvrez ici l’évaluation et le classement de vos applications favorites.
(1) L’équivalent dioxyde de carbone(équivalent CO2) est une mesure métrique utilisée pour comparer les émissions de divers gaz à effet de serre sur la base de leur potentiel de réchauffement global (PRG) , en convertissant les quantités des divers gaz émis en la quantité équivalente de dioxyde de carbone ayant le même potentiel de réchauffement planétaire.
Comment faire ? 4 leviers pour accompagner son entreprise
Définir une stratégie : la décision des Directions générales
Il est essentiel d’agir dès aujourd’hui pour éviter un désastre écologique. L’implication immédiate des entreprises dans une démarche plus propre et raisonnée est primordiale, avant que leur fonctionnement, aujourd’hui trop polluant, n’engendre des dégâts environnementaux irréversibles. Tout commence au niveau de la direction générale de l’entreprise qui doit intégrer la sobriété numérique dans sa stratégie de développement. Découvrez les 8 vecteurs du référentiel des bonnes pratiques à suivre pour la mise en place d’un plan de transformation « sobriété numérique » développés par The Shift Project.
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Sensibiliser les collaborateurs : l’enjeu RH
Les équipes RH peuvent créer des groupes de réflexion et organiser des ateliers de sensibilisation. Il peut également être intéressant d’inviter des experts sur le sujet à intervenir au sein de l’entreprise. Par exemple, Swiss Life a proposé une conférence sur le développement digital et l’écologie ce mois-ci avec Inès Leonarduzzi, CEO de Digital for the Planet. Dans la même optique, ekWateur a créé un guide pratique ludique et collaboratif pour permettre à tous d’apporter ses conseils.
Mobiliser les équipes IT
La priorité est de réduire l’impact environnemental des services numériques durant chaque étape du cycle de vie. Cela passe par l’écoconception des services numériques mais aussi par l’allongement la durée de vie des appareils et leur réutilisation.
Les collaborateurs ont besoin de prendre conscience de leur impact : les entreprises doivent alors quantifier leur impact à grande échelle mais aussi à titre individuel. Par exemple, l’ONG Digital For the Planet a développé une Intelligence Artificielle Green, nommée « Plana », pour aider les utilisateurs à améliorer leur manière de consommer. Elle a la capacité, par exemple, d’identifier les applications non utilisées, de proposer la désactivation des notifications ou encore de nettoyer l’appareil sur lequel elle est installée.
Engager les équipes digitales
Aujourd’hui plus que jamais, il devient inévitable de s’interroger sur nos pratiques de stratégie digitale pour apprendre à détecter les leviers d’une amélioration durable. A quel point mon site internet pollue-t-il et comment réduire son impact ? Puis-je rendre ma stratégie d’emailing plus verte ? Ai-je besoin de diffuser mes publicités en HD sur tous mes canaux ? Est-ce que mes partenaires médias s’engagent aussi sur le chemin de la sobriété numérique ?
Des questions auxquelles il est nécessaire pour les entreprises de répondre rapidement afin de mieux préparer l’avenir. D’après Frédéric Bordage, fondateur du Club Green IT et auteur de « La sobriété numérique : les clés pour agir » :
« Au XXIe siècle, les entreprises qui vont réellement se différencier sont celles qui parviendront à aborder en même temps ces deux mutations majeures : la transformation numérique et la transition écologique. »
Mon premier article sur le sujet :
Le digital, un nouveau défi pour l’écologie
Pour aller plus loin :
Rapport « Sobriété numérique : une démarche d’entreprise responsable » – Cigref x The Shift Project
Rapport « RSE : 5 bonnes idées pour rendre son entreprise plus écolo » – Welcome to the Jungle
Les outils pour une conception responsable des services numériques par Green IT
Sources :
https://www.ladn.eu/tech-a-suivre/comment-entreprises-combattent-pollution-numerique/
https://www.welcometothejungle.com/fr/articles/pollution-digitale-entreprises-agir
https://ekwateur.fr/2020/06/26/reduire-pollution-numerique-entreprise/
https://www.greenit.fr/2018/10/11/wegreenit-quantifie-empreinte-numerique/