Les principaux freins au développement de la E-santé

Les principaux freins au développement de la E-santé

La e-santé devient essentielle et bouleverse la médecine, ce qui ne parait pas évident pour tout le monde. En effet, la santé connectée apporte ses atouts, et ses inconvénients dans la médecine qui cherche en permanence à se moderniser et se perfectionner. Ainsi pour le patient, cette évolution peut être un eldorado, mais aussi une incompréhension totale.La pratique et l’utilisation de nouvelles technologies dans le domaine de la santé entraine donc des questions. Comment ne pas ressentir le détachement lors d’une consultation à distance ? Tous les patients ont-ils accès à la E-santé de la même façon ?  Et qu’en est -il de la sécurité des données personnelles, la confidentialité des échanges ? 

Tant de questions que nous allons développer.

 

PERTE DE CONTACT / DÉSHUMANISATION

 

La téléconsultation peut être critiquée notamment à cause de la déshumanisation qu’elle risque d’apporter face à l’exercice d’une médecine à distance, et potentiellement du manque de relation privilégiées qu’il existe entre un patient et un médecin. Comme pour d’autres procédés digitaux, la télémédecine est accusée de déshumaniser les pratiques, d’un point de vu social et communautaire.La E-santé peut donner l’image de la robotisation de la relation médecin-patient.
De ce point de de vue, l’utilisation de la e-santé dans les relations patient-médecins à (l’origine utilisée pour renforcer les relations) peut être une source d’éloignement, et de perte de contact.

Cependant, selon un autre point de vue, si les nouvelles technologies, sont bien mises en place, leur utilisation peut permettre au contraire de dégager plus de temps de dialogue et donc plus de contact. En effet, il est important d’expliquer que par exemple, la téléconsultation est une consultation médicale à distance, utilisant la visioconférence. Ainsi, le patient et le médecin se voient et peuvent se parler comme s’il étaient en consultation physique. La seule différence est qu’ils ne peuvent pas se toucher.Toutes l’interactivité liée à l’examen est conservée entre le patient et le médecin, le dialogue est le même que pendant une consultation plus classique dite traditionnelle.

De plus, afin de s’assurer de la conformité de ses diagnostics, les médecins sont amenés à poser encore plus de questions, et à échanger plus longuement et plus en profondeur avec le patient.   De ce fait, la téléconsultation peut proposer davantage de rapports sociaux entre le patient et le médecin. Penser que l’interaction humaine se perd complètement par le manque de contact physique est une erreur. Certes une dimension du contact social qu’est le toucher est perdu, mais le lien social, la conversation, l’échange lui est maintenu. L’absence physique est donc remplacée par une attention et un échange bien plus important.La e-santé peut aussi se traduire par la présence d’objets connectés dans le cabinet. Leur présence peut être mal vue, mais bien utilisés, ils peuvent permettent au médecin de passer plus de temps avec les patients. 

Par exemple certain médecins ou centres sont équipés de bornes permettant quelques minutes avant la consultation avec le médecin, de remplir des questionnaires, de prendre la tension, et quelques autres paramètres médicaux… ceci permet au médecin de passer moins de temps à prendre ces renseignements avec le patient, et donc de lui accorder plus de temps pour dialoguer. La technologie peut donc améliorer la relation patient médecin et peut permettre de remettre l’humain au centre des consultations.

 

L’ACCÈS INÉGAL À LA E-SANTÉ 

 

 Le développement de la e-santé a parmi ses objectifs, de contribuer à la réduction de la fracture d’accès aux soins traditionnels entre les zones rurales et les zones urbaines. Pourtant, l’utilisation des nouvelles technologies, rend toujours l’accès inégal à la santé digitale.

La digitalisation est susceptible d’aggraver les difficultés d’accès au système de santé de certaines populations de patients fragiles : un risque de « double » fracture. Des personnes vivant en milieu rural et en périurbain qui risquent d’être confrontées à la distance et le problème d’internet les empêchant d’accéder à la digitalisation de leur parcours de santé. En France en 2021 15% de la population serait atteinte « d’illectronisme », c’est-à dire de difficulté ou d’incapacité à utiliser efficacement internet.

Un certain nombre d’experts s’alarment des risques encourus par de nombreux patients, alors même que la digitalisation des systèmes de santé a pour vocation d’assurer une meilleure prise en charge de tous.

 En effet, la e-santé d’aujourd’hui, impose au patient de posséder un certain matériel nécessaire. Au paravent, le matériel professionnel était détenu par le médecin, et tous les patients pouvaient recevoir de façon égale les mêmes soins. Ce matériel évoluant devenant même domestique, entraine l’inégalité d’accès aux soins, soit par manque de moyen, soit par manque de connaissance sur les nouvelles technologies.

Les plus démunis ne peuvent pas forcément avoir accès à internet et de ce fait ne peuvent pas bénéficier des avancées technologiques de la santé. Aujourd’hui, si un patient veut être soigné correctement, il lui faut un smartphone, un abonnement internet ce qui n’est pas accessible à tout le monde. 

Sur le plan technologique, et logistique, tout le monde n’est pas connecté de la même façon. La e-santé demande un minimum de ressources technologiques que tout le monde ne possède pas forcément. Ainsi, il existe un problème intergénérationnel dans la e-santé. Le développement des nouvelles technologies a tendance à mettre de côté les personnes âgées et handicapées pour lesquelles il est beaucoup plus difficile de se repérer au sein d’un parcours de santé. Or, l’utilisation d’objets connectés exigent au début de leur utilisation de véritables efforts de la part du patient. Tout le monde n’est pas en état de le faire.

Aujourd’hui, si un patient veut être soigné correctement, il lui faut avoir connaissance et accès aux nouvelles technologies. L’accès aux soins peut donc devenir accessible pour certain, mais reste inégal pour d’autres.  

 

PROTECTION DES DONNÉES PERSONNELLES 

 

Les nouvelles technologies au service de la santé apportent une certaine attirance, et un confort. Mais à ce sujet, les patients expriment une méfiance, et une inquiétude vis-à-vis de la digitalisation, et notamment concernant la protection de leurs données personnelles.

En effet, dans un parcours de soin digital, les données recueillies, envoyées et reçues interrogent les patients sur la destination des données, et sur leur utilisation. Le patient craint qu’elles soient valorisées et utilisées à des fins commerciales ou autres. Le patient ne veut pas devenir un producteur de données commercialisables, il a peur de ce que l’homme peut en faire. Le patient peut même avoir le sentiment d’être espionné si ses données sont divulguées. Le patient peut être très inquiet quant au traitement non connu de ses données de santé et d’une potentielle utilisation en dehors des cadres permit.

De ce fait, pour que les patients aient confiance en le système, il est essentiel de gérer la confidentialité et la sécurité du contenu des séances de téléconsultation par exemple. Le secret médical est certes obligatoire et ce depuis très longtemps, mais cela ne suffit pas forcément à assurer la protection des données de santé d’un patient lors d’une consultation à distance, et donc de l’utilisation de nouvelles technologies. De plus, les professionnels de santé ont aussi besoin de se protéger. Ils doivent s’assurer que leurs patients ne compromettront aucune donnée ou dossiers médicaux. Il faut que les patients soient dans des endroits sécurisés avec des connexions internet privées, pour éviter tout problème.

La nécessité d’instaurer une loi sur la protection des données personnelles est donc essentielle.

La loi n°78-17 du 6 janvier 1978 relative à « l’informatique, aux fichiers et aux libertés » (loi concernant la protection des données personnelles) définit une donnée personnelle comme étant une information concernant une personne physique qui peut être identifiée par un numéro d’identification.Cette loi est à l’origine de la création de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) gardienne de la protection des données personnelles et de leur traitement.La loi a été modifiée depuis, la protection a été renforcée avec l’entrée en vigueur du règlement général sur la protection des données (RGPD) dans l’ensemble des pays de l’UE en 2018Le RGPD est perçu comme une grande avancée pour la digitalisation du parcours de santé.