Entretien avec Charlotte Rondelez autour de la transformation numérique du théâtre

Entretien avec Charlotte Rondelez autour de la transformation numérique du théâtre

DMB Lille

 

C’est en travaillant sur notre masterclass en février dernier, que j’ai eu l’opportunité d’échanger et de mieux connaître Charlotte Rondelez. Fondatrice de BAM tickets, directrice de lieux culturels, productrice, metteuse en scène mais aussi auteure, on se doute que son agenda est bien rempli.

Heureusement pour nous, Charlotte nous a accordé un entretien d’une heure durant lequel nous avons pu échanger à propos de la transformation numérique du monde du théâtre.

Dans cet article, je souhaite revenir sur cet entretien et en extraire les points essentiels de l’échange afin de partager ce retour d’expérience au plus grand nombre. Alors,  amateurs de théâtre ou de spectacle vivant de manière générale, je vous souhaite une bonne lecture !

Groupe Masterclass : Charlotte est-ce que vous pourriez nous décrire vôtre parcours de vie, comment en êtes-vous arrivée jusqu’ici ?

Oui, très bien. Alors personnellement je n’ai pas un parcours en ligne droite, plutôt comme ça (fait un zigzag de la main), c’est une façon d’explorer les choses. J’ai commencé le théâtre à l’école et puis après j’ai fait une école de commerce. J’ai été diplômée de l’ESSEC et durant mon parcours là-bas j’ai continué le théâtre. Suite à ça je suis parti dans le monde de la finance, puis de l’audit financier avant d’arrêter pour me lancer complètement dans le théâtre en pensant devenir comédienne et en créant ma compagnie. J’ai ensuite connu le fait de gérer un lieu culturel, je suis devenue co-directrice du théâtre de Poche-Montparnasse en faisant des mises en scènes, des écritures et parfois en jouant et voilà, donc une vie assez remplie.

Dans le cadre de notre masterclass nous nous demandions si pour vous le digital/numérique ne creusait pas un fossé entre les petites structures théâtrales et les grosses institutions ? Quel est vôtre ressenti par rapport à ça ?

Euh, moi j’ai pas l’impression que la transformation digitale ait creusé un fossé, c’est plutôt une conséquence de cette transformation. Aujourd’hui les petits théâtres sont pleins à Paris, beaucoup de petits théâtres. Ils ont leur public… En fait, quand on gère un théâtre il y a un plafond de verre, comment dépasser 70% de la jauge. Mais il existe dans un théâtre de 100 places comme il existe dans un théâtre de 1000 places. Aucun des deux n’est plus simple, et pour les deux nous avons un peu la même règle des nombres qui nous demande d’être performant. Mine de rien notre principal canal de communication c’est le bouche à oreille, qu’il se fasse via le numérique ou via des appels téléphoniques voir des conversations dans la rue. Donc si il y a 80 personnes qui sortent du spectacle, il y a potentiellement 80 personnes qui vont parler du spectacle. 

Maintenant c’est plus les conséquences de cette transformation numérique. C’est-à-dire que la stratégie industrielle, aujourd’hui c’est par exemple que le théâtre soit une des composantes de stratégie de l’entertainment. Et ce qu’on a vu arriver avec cette transformation, c’est que certains acteurs se sont emparés plus rapidement de ce média et ont bâti autour du théâtre une stratégie industrielle (…)

Aujourd’hui si on ne parle que des théâtres, il n’y a pas d’écart entre les gros et les plus petits. Il y a des différences économiques importantes du fait des coûts de structure, mais il y a, en tout cas en France, un état assez solidaire qui soutient les petites structures et leur permet de produire, même à l’économie.

 

Est-ce que la transformation numérique n’a pas créé un nouveau paradigme ? La mort du théâtre traditionnel et l’émergence d’une nouvelle forme de théâtre, plus sur le contenu, performance, hybridation ?

Ca n’existe pas le théâtre traditionnel, ça n’a jamais existé, le théâtre c’est du spectacle vivant, c’est fait par des acteurs qui vivent aujourd’hui et qui parfois respectent des usages, des textes certes. Je sais pas ce que c’est que le théâtre traditionnel, alors la gestion d’un théâtre traditionnel, oui, mais comme tout commerce aujourd’hui. Il n’y a pas un secteur industriel ou artisanal qui n’a pas vu son comportement bouleversé par la révolution numérique. Mais cette révolution a apporté beaucoup de choses, c’est ça que je ne comprend pas…

Ça aurait dû nous servir, ça aurait dû nous servir car c’est censé nous mettre en lien direct avec les spectateurs. Donc on doit pouvoir leur parler de manière intelligible, personnalisée, directement sans que ça nous coûte d’argent, un peu comme on le fait aujourd’hui avec cette réunion qui n’aurait pas été possible auparavant. 

On a des coûts moindre d’impression d’affiche, on a peut être même plus besoin d’imprimer des affiches. On peut traduire tout ce qu’il y a de vivant entre nous. En fait c’est de se dire que la transition numérique n’aurait pas dû nous bousculer, on aurait dû s’en saisir et en plus mais ça nous a facilité la vie à un point dingue. Les recherches de décors, les recherches de costumes, les recherches sur un auteur…on a un truc incroyable maintenant, quand j’ai commencé dans le théâtre il y a 20 ans on avait pas tout ça. Aujourd’hui je peux si je veux, télécharger certains spectacles quand je souhaite les garder en mémoire, et sinon j’ai des DVD mais ils commencent à être trop vieux (rires)

La révolution elle, est extraordinaire, on peut avoir accès aux ressources du monde entier où qu’on soit sur la planète, et quasiment sans question de moyen financier.

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