40 ans de guerre civile pour des bananes ? L’immense pouvoir des relations publiques et du marketing d’influence

40 ans de guerre civile pour des bananes ? L’immense pouvoir des relations publiques et du marketing d’influence

Edward Barneys – propagandiste

Avez-vous déjà entendu parler d’Edward Barneys ? Parmi ses nombreux exploits, ce génie des relations publiques a réussi à rendre les Américains favorables à la première guerre mondiale. Il a servi l’industrie du tabac en démocratisant la cigarette chez les femmes. Il a également mandaté de nombreux médecins afin d’inciter le consommateur à manger du bacon pour servir les intérêts d’une entreprise porcine. Mais sa prouesse qui m’a le plus marquée, c’est évidemment lorsqu’il est parvenu à renverser la démocratie d’un pays voisin… Au profit d’une entreprise qui fait pousser des bananes. Ce coup d’état a provoqué une guerre civile et plus de 200 000 morts.

Un climat de peur

Nous sommes dans les année 50 aux Etats Unis et dans ce climat de guerre froide, la peur d’une attaque nucléaire plane sur le peuple américain. Instrumentalisée par le gouvernement, cette angoisse se transforme très vite en une haine généralisée du communisme.

Pendant ce temps au Guatemala, le nouveau président Jacobo Árbenz Guzmán est élu avec 65% des suffrages. Il promet de rendre à son peuple les terres agricoles cultivés par des entreprises américaines privées, principalement par The United Fruit Company qui exerce l’essentiel de son activité dans l’agro-industrie bananière du pays.

Instrumentaliser la peur

Afin protéger ses intérêts, la multinationale fait appel au célèbre propagandiste et publicitaire Edward Bernays. Il décide alors de monter un bureau de presse (secrètement financée par son client). L’agence de presse Middle America Information présente pendant plusieurs mois et sans aucune preuve le président Guatémaltèque comme un communiste.

Cette propagande est relayée dans la plupart des médias américains et ainsi soutenue publiquement par le gouvernement des Etats-Unis. En 1954, le colonel Carlos Castillo Armas prend le contrôle du pays, alors armés par le gouvernement américain.

Armas permet donc à la United Fruit Company de récupérer ses exploitations et instaure une politique très strict. Son règne n’aura duré trois ans car il est assassiné en 1957. Par la suite, une guerre civile éclate au Guatemala et fait jusqu’à 200 000 morts.