Neuralink et ses interfaces neuronales
directes

Neuralink est l’une des nombreuses sociétés du célèbre Elon Musk. Certainement la moins connue et pourtant celle qu’il faudrait suivre de plus près. Retour sur les implants cérébraux développés au sein de cette Start-up qui loin d’être de la science fiction sont déjà une réalité.
Créée en 2016, cette entreprise américaine neurotechnologique développe des implants appelés « Interface neuronale directe » (IND) mais plus communément appelées Interfaces Cerveau-Machines ou Interfaces cerveau-ordinateur (BCI « Brain Computer Interface »). Le développement de cette technologie avait pour but premier de soigner des individus ayant des
handicapes graves, qu’ils soient physiques ou cognitifs. Ces implants on était pensés principalement pour pallier à la paralysie des membres et à la cécité.
En bref, comment ces implants fonctionnent-ils ?
Ces interfaces neuronales directes sont capables de détecter les signaux neuronaux de mouvements mais aussi sensoriels afin de les faire redescendre vers les membres atteints. Il y a plusieurs types d’IND mais toutes fonctionnent -grossièrement- de la même façon. Elles sont composées d’électrodes, d’un boîtier électronique et d’un dispositif externe.
Pour schématiser tout ça : les signaux neuronaux sont détectés grâce à des électrodes qui ont été placées dans le cerveau, qui vont collecter les données (les signaux), puis les enregistrer avant de les envoyer pour analyse au boitier qui ensuite utilisera ces données pour contrôler le dispositif externe qui peut être un ordinateur, un fauteuil roulant ou autre.
Où en est ce projet ?
Les recherches sont sur la bonne voie depuis quelques années déjà. De multiples tests fluctuants ont déjà été réalisés sur des rats, des porcs et même sur des singes. Neuralink a dévoilé plusieurs démonstrations publiquement afin de démontrer leurs avancées. Par exemple, en 2020 Neuralink a réalisé une démonstration de rats qui étaient équipés de puces cérébrales. Plus récemment, en 2021, Neuralink a publié une vidéo que vous avez sûrement dû regarder et qui vous a certainement surprise : un singe jouant au Pong par la pensée. Puis un autre test a été réalisé sur un porc où les chercheurs ont réussi à contrôler les mouvements de pattes grâce à l’implant qui avait été implanté dans son cerveau. Ainsi nous pouvons constater que la technologie des IND/BIC ne relève plus du fantasme ou de la science fiction. Elle est une réalité, qui plus est prometteuse au regard de ces démonstrations. Néanmoins, il est très important de noter que plusieurs tests ont été des échecs, qui ont même parfois mené les animaux-cobayes à l’agonie…tragique. Malgré cela, Elon Musk, l’un des patrons de Neuralink, a déposé un dossier à la FDA (l’Autorité de Santé des États-Unis) pour pouvoir passer à l’étape suivante : les premiers tests sur les êtres humains. Assez confiant, il ambitionne de commencer ces tests mi-2023. Pour rappel, les tests sur les êtres humains devaient commencer à la fin de l’année 2020 mais ont été repoussés plusieurs fois jusqu’alors. Cette date n’est donc pas une source sûre.
Les limites de ces IND
La FDA n’est pas la seule à se questionner…Ces implants ne semblent pas faire l’unanimité chez les scientifiques et notamment chez les médecins. La raison principale est la taille de cette IND qui est infiniment petite : « Une puce infiniment petite, si fine que des mains humaines ne peuvent les manipuler » pour reprendre les mots de Neuralink.
En effet, une fois l’implant placé dans le cerveau, il n’est aujourd’hui pas possible de la retirer sans endommager le cerveau. Ainsi cette pose est irréversible. Ce qui mène à d’autres questionnements de sécurité : que se passera-t-il si la puce est endommagée si nous ne pouvons plus y accéder ?
Ces questionnements en termes de sécurité sont plus larges encore car cette technologie est connectée alors est-ce que les personnes dotés d’IND seront à l’abri de potentiel hacking ?
Au-delà de la sécurité, la donnée est elle aussi au cœur de ces angoisses soulevant le dilemme propre aux nouvelles technologies : l’éthique. Qu’est-ce-que Neuralink va faire de toutes ses données, qui pourront y accéder et dans quel but ?
Des questionnements légitimes car nous savons que le marché de ce produit n’est pas suffisamment grand pour être rentable et que par expérience nous avons déjà pu voir le détournement des technologies à des objectifs autres que ceux énoncés au départ.
D’ailleurs Elon Musk a déjà évoqué vouloir faire évoluer l’utilisation de cette technologie, en nous permettant de communiquer par la pensée ; de contrôler nos objets digitaux ou encore nos réseaux sociaux par la pensée aussi voire de fusionner avec les futures IA
pour un meilleur contrôle de ces dernières.
Il n’est d’ailleurs pas le seul à se pencher sur le développement de ce type d’interface. Pour citer les entreprises les plus connues : BrainGate, Kernel et Paradromics.
Aller plus loin
Neuralink ne restreint pas ses recherches à ces puces cérébrales. Bien au contraire, conscient des problématiques liées à l’intervention chirurgicale, des projets qui permettrait de contourner cette étape sont déjà en cours d’élaboration. Récemment, le projet N1 sensor a été présenté. Ce dispositif ressemble aux BIC car il se compose d’un boîtier électronique externe qui est connecté à des électrodes qui se placent sur la peau du crâne. Ces électrodes sont capables de détecter les signaux électriques produits par les neurones dans le cerveau, qui sont transmis au boîtier électronique pour analyse. Mais tout cela se fait à la surface de la peau et non à l’intérieur du cerveau comme cela est le cas pour les BIC. Ainsi, adieu les interventions chirurgicales ! Cette technologie est encore en cours de développement. Notamment car les signaux cérébraux sont très faibles ainsi les électrodes doivent être situées sur la peau (et non sur les cheveux ou
tissus)… mais peut-être cela sera-t-il possible avec le progrès de la technologie ? Affaire à suivre !
Neuralink est l’une des nombreuses sociétés du célèbre Elon Musk. Certainement la moins connue et pourtant celle qu’il faudrait suivre de plus près. Retour sur les implants cérébraux développés au sein de cette Start-up qui loin d’être de la science fiction sont déjà une réalité.
Sources
https://www.futura-sciences.com/tech/actualites/intelligence-artificielle-neuralink-elon-musk-veut-donner-
vue-aveugles-faire-marcher-paralyses-95495/
https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1741-2560/1/2/001
http://www.lunil.com/interfaces-neuronales-cerveau/
https://www.maxisciences.com/elon-musk/neuralink-ce-qui-est-vraiment-arrive-aux-singes-cobayes-delon-
musk_art46634.html
https://www.nature.com/articles/s41551-021-00683-3
https://www.bbc.com/news/world-us-canada-53956683
https://www.usine-digitale.fr/article/la-majorite-des-singes-sur-lesquels-neuralink-a-teste-son-implant-serai
ent-morts.N1784737
https://neuralink.com/