Comment Nike est entrain de devenir un acteur majeur de la mode sur le Web 3

La marque américaine Nike a dévoilé en novembre dernier sa nouvelle plateforme Web3 : .Swoosh, un projet qui se veut, selon le communiqué de presse de la marque, être la représentation du futur du sport, prenant la forme d’une communauté digitale et inclusive et d’un foyer pour les créations virtuelles Nike. On assiste ici à la création d’un véritable « monde digital » pour Nike qui ne se contente plus de vendre des NFTs sur d’autres plateformes mais bien de s’approprier le Web3.

Le site se base sur les quatre piliers suivants 

  • La collection de vêtements digitaux que les utilisateurs pourront dévoiler en ligne et vendre, mais également utiliser lors d’évènements immersifs ou de jeux digitaux.
  • L’accès à du contenu inédit
  • La co-création de la nouvelle génération des créations virtuelles Nike avec les autres membres .Swoosh
  • La participation à des évènements physiques et digitaux
Livre de Donald Miller "Building a Story Brand"

 

Ce n’est pas le premier pas de Nike dans le Web3, en effet la marque est déjà propriétaire depuis décembre 2021 de RTFKT, entreprise à l’origine de NFTs et de baskets virtuelles (la différence entre RTFKT et .Swoosh se trouve dans la cible d’utilisateurs) La première plateforme vise les adeptes bien formés au Web3 alors que la seconde cherche à approcher les fans plus traditionnels de la marque.

Nike est même un leader dans le secteur des NFTs de la mode avec 185,3 millions de dollars américains de revenus sur des produits du Web3. En comparaison, les gains d’Adidas et de Puma s’élèvent respectivement à 11 millions de dollars et 1,3 millions.

Malgré une avance non-négligeable sur ce secteur par rapport à ses principaux concurrents, Nike affirme ne pas chercher à être premier, mais à réussir le parti de la pérennité.

La société a déjà déposé sept brevets concernant la conception et la vente de vêtements et chaussures virtuelles. En 2021, en plus du rachat de RTFKT, Nike a également créé Nikeland, un univers Roblox qui a accueilli en un mois d’existence pas moins de sept millions de visiteurs.. 

 

Pour assurer la sécurité des objets virtuels partagés sur .Swoosh, la plateforme utilisera la blockchain Polygon, comme confirmé par un tweet du compte officiel de ce dernier :

Livre de Donald Miller "Building a Story Brand"

Les NFTs de Nike avant .Swoosh étaient sur Ethereum, mais dans la mesure où la marque américaine souhaite vendre ses baskets digitales à un prix avoisinant 50 euros, la blockchain Polygon est plus pertinente de par ses frais réduits.

 

Le vice président des Nike Virtual Studios, Ron Faris of Nike Virtual Studios, annonce dans une interview auprès de Vogue Business que le site étant déjà ouvert depuis novembre, la première collection digitale sortira en janvier 2023. Il explique que sur .Swoosh, une chaussure virtuelle ne se limitera pas à la chaussure en elle-même. L’objectif est ici de proposer au détenteur de cette chaussure une contrepartie physique, la capacité de discuter avec le designer derrière la chaussure ou encore de pouvoir la porter dans son jeu vidéo préféré. Pour Nike, l’objet digital n’est pas la fin du parcours d’achat mais seulement son début.

 

Nike prévoir malgré tout d’ancrer ce projet dans le monde physique en proposant des évènements dans six villes des Etats-Unis afin d’informer les fans, mais également de distribuer des codes d’accès ! En effet, pour le moment, à moins d’obtenir un code d’accès, on ne peut s’inscrire qu’à une liste d’attente jusqu’à l’ouverture publique du site.

 

Le pilier majeur de cette initiative est pour Nike une co-création se situant à la limite entre l’achat et le jeu pour les consommateurs.

Cela représente, pour les utilisateurs ayant préalablement gagné des « défis communautaires » — disponibles juste après le lancement de la première collection – la possibilité de co-designer un produit digital et de le vendre, en y gagnant des royalties. Les mécaniques exacts restent actuellement toujours en développement, mais on peut s’attendre à des votes concernant les couleurs ou les lacets, ou encore la possibilité de créer sa propre destination de domaine, tel que « nom.nike ».

Cela pourra prendre en forme dans un premier temps la co-création entre les athlètes sponsorisés par Nike et la marque elle-même.

 

Le réel pari de Nike avec .Swoosh relève de la capacité à pouvoir sortir de la niche de la communauté du Web3 et d’attirer une cible plus large d’utilisateurs fidèles mais également rendre ce monde plus accessible à chacun.